Notre étoile est en nous, et, de nous, il dépend qu’elle soit bonne ou mauvaise | Guenièvre & Lancelot

Notre étoile est en nous, et, de nous, il dépend qu’elle soit bonne ou mauvaise

Lancelot en avait eu bien assez, de ce banquet. Déjà qu’il ait eu à le passer assis à côté d’Urien de Gorre ne l’avait pas vraiment enchanté, mais le chevalier avait fait un effort afin de se montrer un minimum agréable et causant. Mais l’heure était maintenant bien avancée, et si beaucoup étaient déjà souls et commençait les chants paillards, Lancelot n’était pas vraiment apte à les rejoindre. Il n’appréciait déjà pas vraiment ce genre d’évènements, préférant la quiétude et la solitude. Il avait fait un effort, parce qu’il servait avant tout le roi, et ne voudrait pas l’offenser en se faisant absent, mais là, il jugeait qu’il avait fait assez d’efforts et qu’il était temps pour lui de se retirer de la salle de réception pour aller trouver un endroit plus tranquille. Il pourrait retourner directement à sa chambre, mais il avait envie d’un peu d’air frais.

Il aurait bien demandé au roi s’il pouvait se retirer, mais ce dernier était en grande conversation et il se voyait mal le déranger pour si peu. Il préféra donc prendre l’initiative de quitter le banquet de son propre chef. Il soupira déjà un peu plus d’aise lorsque les bruits et les cris se firent plus loin. Enfin un peu de calme, ce n’était pas de trop. Il s’était trouvé plutôt raisonnable ce soir, en ce qui concernait la reine. Il avait réussi à ne pas trop laisser son regard dériver vers elle. Bien sûr, il n’avait pu s’empêcher quelques œillades indiscrètes, car ses yeux cherchaient toujours la souveraine, comme des aimants attirés par le métal. Mais il avait bien vite détourné le regard, surtout quand ses yeux ont accrochés les siens, une ou deux fois. Cela avait du sembler anodin pour elle, mais le pur chevalier avait senti son cœur partir au galop tel un étalon fougueux.

Il quitta la bâtisse de pierres pour se retrouver dans la cour. Un vent frais soufflait légèrement, mais Lancelot n’avait pas froid, au contraire, cela lui faisait du bien, d’être un peu rafraichi. Il leva la tête pour observer la lune et les étoiles briller. Sa mère lui avait inculqué des notions d’astronomie, et aussi les présages que cela pouvait avoir, il n’était pas un expert, loin de là, mais il avait tout de même retenu quelques choses. Il entendit des pas plus loin et se retourna. Il fut surpris d’apercevoir Guenièvre. De toute évidence, ils avaient eu la même idée. Il hésitait un peu à l’approcher… peut-être désirait-elle être seule. Mais quoiqu’il en soit, autant lui poser la question directement afin d’être sûr. Il s’approcha donc d’elle calmement et s’inclina avec respect.

« Votre altesse, je ne voudrai vous pas vous importuner, si vous désirez être seule, je me retire sans souci. »

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Lancelot n’aurait peut-être pas dû aborder la reine, il aurait pu simplement se retirer, lui souhaiter bonne nuit et la laisser seule. Cela aurait été plus… plus quoi d’ailleurs ? Certes, il n’était pas sage, ni sain de côtoyer la reine compte tenu des sentiments qu’il nourrissait à son égard, mais il ne pouvait pas non plus se résoudre à l’éviter. Son inconscient cherchait la présence de la souveraine et parfois, il était bien difficile de s’y soustraire pourtant, ce n’était pas faute d’essayer. On ne pouvait pas reprocher à Lancelot de ne pas tenter de réprimer ses sentiments, même si dans l’absolu, personne n’avait vent de ses sentiments, et c’était bien ainsi. Il ne voulait pas que la reine Guenièvre l’apprenne, et encore moins Arthur. Ce serait totalement déplacé, autant pour la reine que pour le roi, étant donné qu’il ignorait tout des sentiments de la reine. Quoiqu’il en soit, il était de plus en plus dur pour le chevalier de feindre l’indifférence, de cacher ce qu’il ressentait. Et si l’amour devenait plus fort à chaque fois qu’il voyait la reine, il en était de même pour sa culpabilité dès qu’il voyait Arthur. Son roi, son ami… Lancelot lui était totalement dévoué, et il savait qu’Arthur avait confiance en lui, pourtant, le chevalier aimait et désirait son épouse dans le secret. Il n’en était pas fier, mais il n’y pouvait rien. Son cœur le poussait inexorablement vers Guenièvre, et rien ne semblait vouloir l’en détourner.

Mais quoiqu’il en soit, il attendait les instructions de la reine. Si cette dernière voulait être seule, il partirait sans se vexer, ou sans tenter de plaidoyer. Il était fidèle et dévoue à Arthur, il l’était tout autant à Guenièvre. Elle était sa reine, et il la servait tout autant qu’il servait Arthur. Néanmoins, il ne put s’empêcher de se faire la réflexion qu’elle semblait encore plus resplendissante ainsi, sous les rayons de la lune. Bien qu’il la trouve magnifique à chaque moment, il ne pouvait que constater l’éclat de sa beauté. C’était, à juste titre que Guenièvre était désignée comme une des plus belles femmes.

"Non, je vous en prie, restez. L'agitation du banquet a également eu raison de vous ?"

Il se redressa et lui offrit un léger sourire poli, et bienveillant. Il n’était pas certain que passer un moment seul en compagnie de la reine était une bonne chose. Non pas qu’il n’en avait pas envie, c’était même tout le contraire. Mais c’était aussi risqué…

« Il est vrai que je ne suis pas friand de ce genre de rassemblement. Alors, quand ma présence n’était plus nécessaire, j’ai pris l’initiative de me retirer, et de pouvoir profiter d’un peu de fraîcheur, de calme et de solitude. Mais ne croyez pas que vous me dérangez majesté, loin de là. Votre compagnie est un véritable honneur, tout comme un réel plaisir. »

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Lancelot ne devrait peut-être pas admettre qu’il n’appréciait pas ce genre de rassemblements, mais il n’y voyait là aucun manque de respect envers le roi. C’était juste une vérité, Lancelot était un homme qui appréciait la calme et la tranquillité. Du moins, durant son temps libre. Lorsqu’il était en mission, ou que son roi avait besoin de lui, il répondait présent sans l’ombre d’une hésitation. Il était dévoué à Arthur, et plus que comme un roi, il le considérait aussi comme son ami. Et il voulait vraiment l’aider dans sa quête du Graal, et dans toute autre activité pour laquelle Lancelot pourrait lui être utile. Quand bien même, il n’oubliait pas son rang par rapport à Arthur. Arthur était l’autorité suprême, et Lancelot était prêt à donner sa vie pour lui, sans hésiter. Pourtant, pour Guenièvre, il la donnerait encore plus rapidement, mais il ne pouvait pas l’affirmer clairement. Quand bien même il devait la protéger dans une certaine mesure, il fallait qu’il sache refreiner ses ardeurs.

Néanmoins, quand il avait le privilège d’avoir un moment comme celui-ci avec la reine, il en oubliait presque ses propres barrières et ses bonnes résolutions. Qu’il avait bien du mal à tenir. Rien qu’être en présence de Guenièvre faisait battre son cœur à un rythme bien plus rapide et fort qu’à l’ordinaire. Il n’y pouvait rien, c’était ainsi. Elle avait capturé son cœur sans rien faire, il avait juste eu à croiser son regard. Mais elle n’en savait rien, et c’était mieux ainsi. Il ne voulait pas s’immiscer au sein du couple royal, ni trahir Arthur. Même s’il le faisait déjà en aimant son épouse.

"Plus le temps passe, plus je ne demande que ça... ce calme. Les instants comme celui-ci sont malheureusement très rares..."

Lancelot devait bien se douter que la reine avait des obligations, des tâches à accomplir, et qu’elle ne devait pas avoir beaucoup de temps pour elle. Sans compter qu’elle était probablement toujours escortée par ses suivantes, ou des gardes, et donc que se retrouver seule était quelque chose de difficile. Et encore maintenant, il venait d’interrompre son moment de paix, quand bien même elle lui avait assuré qu’il ne la dérangeait pas. En tout quoi, il était d’accord avec elle quand elle affirmait que ces moments étaient rares. Et c’était tout aussi le cas de leur entrevue, même s’il était préférable qu’il ne s’approche pas trop d’elle. Il ne pouvait qu’avoir envie d’être en sa compagnie, tout son être ne cherchait que cela.

« Je vous comprends. Vous devez sans doute être très occupée par vos fonctions de reine. Le roi a beaucoup de chance de vous avoir… Voulez-vous marcher un peu majesté ? Si je vous accompagne, je pourrai veiller à votre sécurité. »

Et profiter plus longtemps de sa compagnie, même s’il ne devrait pas. Mais c’était plus fort que lui.

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Lancelot prenait des risques en cet instant, il le savait. Passer du temps avec la reine n’était pas conseillé quand on connaissait les méandres de son cœur. Il n’aurait pas dû lui proposer de marcher avec lui, il aurait dû lui proposer de la raccompagner au château, il le savait pertinemment, et il n’avait aucune excuse pour cela. C’était une faiblesse de sa part, un soupçon de plaisir qu’il voulait s’accorder, en profitant davantage de la compagnie de la reine, pour une fois qu’ils pouvaient être seul à seul. Tous étaient occupés au banquet, et personne ne devrait venir les déranger à cette heure-ci. Pourtant, Lancelot n’avait aucunement l’intention de révéler quoique ce soit à Guenièvre, ni de tenter de lui faire la cour, ce n’était nullement dans ses plans. Il s’était résigné à l’aimer de loin, et il ne comptait pas changer ceci.

Mais les moments où ils pouvaient s’entretenir étaient très rares, ce qui n’avait rien d’anormal. Il était chevalier, elle était reine, et il serait mal vu évidemment qu’on les voit trop souvent en compagnie l’un de l’autre. Il ne faudrait pas qu’il parvienne aux oreilles du roi que son épouse et son bras droit se fréquentaient de manière trop répétée. Même si Lancelot aimait désespérément Guenièvre, il ne tentait en aucun cas de la dérober à son roi. Il le savait très amoureux d’elle, et il savait également que la reine aimait le roi. A partir de là, il n’avait rien à tenter, et il ne tenterait rien. C’était déjà une consolation que de savoir Guenièvre heureuse, ainsi, il n’avait pas de souci à se faire pour elle.

"Je doute fort d'être en danger"

Il est vrai que c’était surtout un prétexte pour pouvoir rester avec elle, mais il ne fallait pas négliger qu’une attaque puisse venir de n’importe où. Si on voulait atteindre Arthur, Guenièvre était la meilleure cible, mais Lancelot ne laisserait jamais une telle chose produire, il ne supporterait pas que l’on fasse du mal à son aimée.

"Mais je serais ravie de marcher un peu avec vous. Parlez-moi un peu de vous. J'en sais si peu, finalement."

Il afficha un léger sourire, il fit quelques pas, calmement. Ne sachant pas vraiment quoi lui dire sur lui, il n’y avait pas masse d’informations à lui révéler. Et certaines dont il ne pouvait définitivement pas parler, comme tout ce qu’il ressentait pour elle. Il s’était souvent demandé ce qu’il se passerait si jamais il lui révélait la nature de ses sentiments, mais il savait qu’en cet instant, il perdrait de son estime, et rien n’empêcherait la reine de le dénoncer au roi, il ne lui en voudrait pas en plus de cela.

« De moi ? Je ne sais quoi vous dire majesté. J’ai grandi avec dame Viviane, la dame du Lac, elle m’a inculqué tout ce que je sais aujourd’hui. J’ai ensuite fait mes classes militaires, je suis devenu chevalier et je suis venu à Camelot, offrir mes services au roi. Je vous ai vue pour la première fois et… » Il se racla la gorge, conscient qu’il s’aventurait sur une pente bien trop glissante sans le vouloir. « Et la suite de l’histoire, vous la connaissez. »

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Lancelot ne savait pas où cette conversation allait les mener, mais cela n’avait pas d’importance. La seule chose qui en avait, c’était qu’il était en présence de Guenièvre, et qu’il pouvait profiter de sa compagnie, qu’elle lui dédiait seulement à lui pour une fois. Cela ne se reproduirait probablement pas, et c’était peut-être mieux. Si cela ravissait son cœur de l’avoir si proche, c’était aussi une mauvaise chose. Cela alimentait les sentiments qu’il avait à son égard, et qu’il se reprochait de ressentir. Mais il n’y pouvait rien, il était fou amoureux d’elle, et il ne pouvait rien faire contre cela.

Il voulait bien lui parler de lui, même s’il se surprenait un peu à ce que cela intéresse la reine, mais il n’allait pas s’en plaindre. Et au fond de lui, il se sentait heureux qu’elle veuille en savoir plus sur lui, même si cela ne signifiait pas vraiment grand-chose. Mais de son côté, il aimerait aussi pouvoir connaître chaque seconde de l’existence de Guenièvre, pouvoir la connaître par cœur, comme aucun autre ne pourrait la connaître. Même s’il savait que ce droit revenait à Arthur, et non à lui. Quoiqu’il en soit, il ne raconta les choses que dans les grandes lignes, il avait peur de l’ennuyer et il ne savait pas vraiment combien de temps cela lui prendrait de tout dire. Il faillit aller trop loin et révéler ce qui ne demandait qu’à sortir mais qu’il retenait depuis des années maintenant. Il ne pouvait pas lui dire la vérité.

"Pas vraiment, non. Je ne connais la suite que de mon point de vue."

Et il n’avait aucune idée de ce qu’il en était. Lancelot n’était pas un homme extraverti et exubérant. Ce qu’on savait de lui, c’était ce que tous savaient. Il n’aimait pas se confier, se livrer, montrer qui il était vraiment. Même si, pour la reine, il pourrait lui dire tout ce qu’elle désirait, elle n’avait qu’un mot, un seul mot à dire pour lui faire savoir ce qu’elle voulait.

"Vous m'avez vue pour la première fois, et... ?"

Lancelot ne s’était pas attendu à ce qu’elle tique là-dessus. Il aurait préféré que cela passe inaperçu. Pourquoi voulait-elle qu’il lui révèle ce qu’il ne pouvait pas lui dire. Il en aurait presque envie, mais ce serait de la folie. Il ne pouvait pas faire cela à Arthur… et la reine aurait une telle mauvaise image de lui. La première fois qu’il l’avait vu, il en était tombé fou amoureux, tout simplement. Son cœur était lourd de toutes ces années de silence, et il ne savait pas s’il était capable d’en supporter cela plus longtemps.

« Et… je me suis fait la réflexion, que le roi devait être le plus heureux des hommes de vous avoir comme épouse. Et que tous devaient le jalouser, moi y compris. Je n’ose cependant pas vous avouer toute la vérité que renferme mon cœur, parce que mon roi est aussi mon ami, et parce que je vous indisposerai très certainement. »

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Lancelot ne reprochait rien à la reine. Il s’était mis seul dans cette situation fort dangereuse. Il aurait dû se taire dès le début. En laissant ses phrases en suspens, il l’invitait indirectement à poser des questions, à éveiller sa curiosité. Pourtant, Lancelot était bel et bien conscient qu’il y avait une limite à ne pas franchir, et il avait les deux pieds sur cette ligne invisible, dont il devait se détourner pour éviter d’aggraver les choses. Même si au fond, il ne demandait qu’à crier son amour pour la reine, il ne pouvait pas le faire. Parce que la reine était mariée, et parce qu’Arthur était son ami le plus proche. Il ne pouvait lui dérober son épouse, ni même la convoiter. C’était déjà une trahison.

Lancelot s’en voulait assez déjà. Il n’était pas du tout en paix avec cette situation, et dès qu’il voyait Arthur, sa culpabilité se faisait d’autant plus oppressante. Il n’avait jamais voulu trahir son roi, bien au contraire. Ce dernier n’était pas au courant de tout cela, et le chevalier n’avait aucune envie qu’il le soit. Pour le moment, les choses pouvaient continuer ainsi. Arthur aimait Guenièvre, Guenièvre aimait Arthur. Et lui, il n’était pas compris dans l’équation, quand bien même il était fou amoureux de la reine.

Tellement qu’il n’arrivait même plus à se contenir. Il y était parvenu durant toutes ces années mais là… il ne savait pas pourquoi. Il faut dire aussi qu’il avait très peu été en contact direct avec la reine, et que les balades nocturnes seul avec elle, c’était une première. Il avait fait quelques missions où il devait l’escorter, mais ils n’étaient pas seuls. Peut-être était-ce une atmosphère, ou un trop plein d’émotions, mais il avait vraiment besoin de lui dire ce qu’il ressentait.

Pourtant, il continuait de détourner les choses, de faire des sous-entendus, n’osant pas dire clairement les choses, mais il ne le pouvait pas. La reine serait probablement secouée s’il lui avouait ses sentiments… même s’il se doutait qu’elle devait tout de même comprendre. Alors pourquoi l’encourageait-elle ? Se pourrait-il que ses sentiments soient réciproques ? Il en doutait un peu, ce serait plutôt inespéré, surtout que pour lui, elle était vraiment amoureuse d’Arthur. Il avait un peu de mal à comprendre, et démêler le faux du vrai. La réalité de ses espoirs.

"Osez, je vous en prie. Jamais vous ne sauriez m'indisposer."

Lancelot hésitait encore. Pouvait-il vraiment ? Il s’arrêta de marcher et fit face à la reine, plongeant son regard dans le sien, il cherchait si elle avait compris, ou non. Mais elle semblait avoir conscience des choses… Devait-il lui obéir ? Il ne pourrait plus revenir en arrière… ce serait trop tard, et cela pourrait avoir de graves conséquences. Et ce serait définitivement trahir le roi… mais ce serait tellement libérateur. Après toutes ces années.

Je vous aime. Depuis le premier jour où j’ai posé sur vous, chaque jour un peu plus fort. Chaque jour depuis, je tente de réprimer ces sentiments qui m’habitent, parce qu’ils reflètent une trahison envers Arthur, mais je ne peux pas faire autrement. Je suis amoureux de vous, d’une telle force que je ne pensais pas cela possible. Je serai prêt à tout pour vous, même à mourir. Pour vous sauver, ou pour vous plaire. »

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Lancelot avait du mal à définit son état actuellement. Certes, sa confession allégeait son cœur, mais ce n’est pas pour autant qu’il se sentait libre. Il n’aurait jamais pensé déclarer tout son amour à la reine. Et encore, il était difficile de pouvoir lui dire à quel point il l’aimait, tant ses sentiments étaient forts et puissants, mais il l’avait fait. Une part de lui regrettait ses mots, par rapport au roi, et parce qu’il ne voulait pas troubler Guenièvre, mais une autre se sentait bien d’avoir tout dit, elle se sentait enfin apaisée. Cet amour qui pesait si lourd sur son cœur, de devoir sans cesse être retenu, avait pu être dévoilé.

Et maintenant… il se sentait tout de même perdu. Il ne savait pas ce qu’il était censé faire. Il n’attendait rien de la reine, évidemment. Il ne comptait pas la dérober au roi, il avait tout de même des remords, quand bien même il n’avait plus aucune envie de réprimer son amour pour Guenièvre, il n’oubliait pas Arthur, et n’avait aucune envie de lui faire outrage. Mais… comment résister face à la reine ? Il ne pouvait pas, tout simplement. Et encore moins maintenant qu’il partageait cet instant si spécial avec elle.

"Je vous ai entendu prononcer ces mots tant de fois auparavant, en songes... Et maintenant qu'ils sont bien réels, je... "

Lancelot la fixait, pendu à ses lèvres. Même si elle gardait les yeux baissés, il ne la lâchait pas des yeux. Comme si elle pouvait à tout moment se dérober si jamais il la quittait du regard ne serait-ce qu’un instant. Son cœur battait à tout rompre, et il avait bien du mal à garder contenance. Il comprenait, aisément ce qu’elle tentait de dire, mais pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir l’entendre prononcer très clairement ces mots.

"Je vous aime aussi."

Lancelot se sentit défaillir à ces simples mots. Et s’il ne s’était pas retenu au prix d’un grand effort, il aurait fondu sur ses lèvres pour les ravir. Mais il ne pouvait pas. Il n’oubliait pas sa place, il n’oubliait pas qu’elle était la reine, et qu’elle était mariée à son meilleur ami. Il ne pouvait se permettre ce genre de gestes, quand bien même il en mourrait d’envie. Lancelot hésita durant quelques instants, puis il leva sa main, toujours avec hésitation et glissa tendrement ses doigts sur sa joue.

« Ma reine… vos mots me comblent à un point inespéré. »

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Beaucoup de sentiments contradictoires se mélangeaient en lui. Et Lancelot avait du mal à faire le tri dans tout cela. Tandis qu’il tentait de démêler ses émotions, il ne pouvait ignorer tout ce qu’il s’était dit. Les déclarations. Cela ne changerait rien à la situation, bien évidemment. Elle resterait une femme qu’il ne pourrait jamais avoir, l’épouse de son roi, son ami, mais au moins, il savait qu’elle l’aimait aussi. Cela le gratifiait, et cela le rendait heureux. Il ne devrait pas, mais c’était le cas. Il était heureux de savoir que la reine l’aimait, et sur l’instant, il mettait totalement le roi et le reste de côté, il ne pensait qu’à Guenièvre, exclusivement, et il ne voulait penser à rien d’autre.

Il le devrait pourtant, mais il en était bien incapable. Tandis que Guenièvre plantait son regard dans le sien, il ne pouvait cesser de la trouver magnifique. De loin, la reine était la plus belle femme qui lui avait été permis de voir, et il avait l’intime conviction qu’il n’en existait pas de plus belle. Elle était… parfaite. Aucun homme ne pourrait lui résister, lui-même ne résistait pas, pourtant, il avait bel et bien tenté de lutter, en vain.

"Pourtant, je ne saurais que faire votre malheur. Notre malheur à tous les deux. Et celui d'Arthur..."

Le fait que la reine mentionne Arthur, eu le don de ramener Lancelot à la réalité. Arthur… il avait totalement cessé d’y penser durant maintenant plusieurs minutes. Mais Guenièvre avait raison, Arthur ne se remettrait pas d’une telle trahison. Son comportement avait été plus que déplacé, et il s’en voulait terriblement de s’être à ce point laissé emporté par ses sentiments. Lancelot détourna le regard, coupant ainsi le contact visuel, et il recula également d’un pas, afin de remettre une distance décente entre eux.

« Vous avez raison. Je vous prie de bien vouloir pardonner mon comportement, plus que déplacé majesté. »

Il serra ses doigts autour du pommeau de son épée, pour rester accroché à la réalité. Lancelot s’en voulait, vraiment. Il n’avait pas agi avec noblesse, bien au contraire. Il avait choisi pour une fois de laisser parler son cœur, et ce n’était pas une bonne chose. Il savait ce qu’il lui restait à faire dès à présent, et ce sans date d’arrêt. Eviter la reine autant qu’il le pourrait.

« Vous devriez rejoindre le roi à présent, il va probablement, s’inquiéter de votre absence et aimerait vous avoir à ses côtés. »

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C’était une épreuve douloureuse, très douloureuse, que de dire à Guenièvre qu’elle ferait mieux de retourner auprès d’Arthur. Evidemment, c’est ce qu’elle devait faire, Lancelot le savait, mais tout son être lui criait tout de même de la retenir, de la garder encore rien que pour lui, du moins, rien que pour un instant encore. Même si au final, la séparation serait encore plus dure. Mais Lancelot savait que ce moment ne se reproduirait probablement jamais. C’était la seule fois où ils pourraient se montrer aussi intimes, mais ils n’avaient pas à l’être. Dans tous les cas. Elle était mariée, au roi, à un homme que Lancelot admirait énormément, et appréciait tout autant. Mais cela ne suffisait pas à faire barrière à ses sentiments. Il trahissait son meilleur ami, mais il ne pouvait faire autrement, il était complètement fou de la reine. Et cela ne risquait pas de changer de sitôt, surtout maintenant qu’il savait que ses sentiments étaient réciproques.

Ce n’est pas pour autant que cela changerait quoi que ce soit à sa situation. A leur situation. Leur amour était voué à l’échec, mais ce n’est pas pour autant qu’il réussissait à se faire une raison, et à l’oublier. Il en était tout juste incapable. Cette situation le faisait souffrir, mais il n’avait pas d’autre choix que de l’endurer de toute manière. Rien qu’en ce moment même, il faisait tout pour se convaincre de laisser Guenièvre rentrer sans tenter de la retenir. Même si tout son être lui criait de l’emprisonner entre ses bras pour ne plus jamais l’en laisser ressortir. Mais c’était impossible, bien évidemment.

"C'est à vos côtés que je veux être"

Lancelot n’eut pas vraiment le loisir, ni la possibilité de réfléchir vraiment à ce qu’elle venait de lui dire puisque que la femme se retrouva bien vite dans ses bras, si bien qu’il ne crut pas tout de suite que ce fut la réalité. Et ce sentiment fut bien vite renforcé lorsqu’elle l’embrassa. Ce fut une totale explosion de bonheur dans son cœur, et il lui rendit son baiser avec tout son amour, la serrant fortement dans ses bras. Il ne lâcha ses lèvres que lorsque l’air commença à se faire manquant. Il posa son front contre le sien, ses bras enroulés autour de ses reins, il n’avait aucune envie que cet instant s’arrête.

« Je vous aime tellement ma reine… Je mourrais pour vous sans aucune hésitation. »

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Lancelot réalisait à peine ce qu’il se passait présentement. Tout ceci était tellement idyllique, qu’il se demandait s’il n’était pas tout simplement en train de rêver tout cela. Si c’était le cas, il voulait alors ne jamais se réveiller. Mais c’était bien la réalité. Maintes et maintes fois, il avait rêvé de la confession de son amour pour la reine, mais jamais les choses n’avaient été aussi parfaites qu’en l’instant présent. Enfin, presque parfaites, si l’on mettait de côté Arthur, bien évidemment.

Il n’y pensait plus, toutes ses pensées étaient tournées vers Guenièvre, qu’il tenait toujours dans ses bras, et qu’il n’avait aucune envie de relâcher. Cette dernière n’en montrait aucun désir en plus de cela. Il ne savait pas combien de temps, il pourrait être aussi proche d’elle, ni même si cela se reproduirait un jour, alors il voulait en profiter le plus possible. Pour une fois, c’était Guenièvre et Lancelot, et il ne voulait pas que les choses changent. Ils n’étaient rien qu’eux, seuls, et en plein émoi amoureux, cela devait rester ainsi.

Lancelot se sentait prêt à soulever des montagnes pour cette femme, à combattre milles et uns ennemis, à braver tous les dangers, juste pour ses beaux yeux. Il ferait n’importe quoi pour elle, il mourrait pour elle. Son cœur n’avait jamais battu que pour Guenièvre, et il ne battrait que pour elle, jusqu’au dernier battement. Lancelot n’avait jamais connu de femme de manière intime, parce qu’il ne voyait pas l’intérêt de s’abandonner à une femme alors qu’il était fou d’amour pour une autre. Son premier baiser avait donc été échangé avec la reine, et il n’avait pas envie d’embrasser une autre femme, jamais. Même si un jour, Guenièvre ne l’aimait plus, cela ne changerait rien. C’était elle, ou personne.

"Je préfère, et de très loin, que vous viviez pour moi. Et je vous en prie... appelez-moi Guenièvre."

Lancelot sourit légèrement. Il vivrait pour elle, tant qu’elle le voudra, elle avait tous les droits sur lui, qu’elle en soit consciente ou non. Mais soit, si elle voulait qu’il vive, il ferait tout pour revenir victorieux de chacun de ses combats. Il n’oserait jamais lui faire le moindre mal, que ce soit volontaire ou non. Il plongea son regard dans le sien, s’enivrant de tout ce qu’elle pouvait transmettre par ce dernier.

« Comme vous voudrez, Guenièvre. J’ose à peine croire que tout ceci est réel, et je crains que ce ne soit qu’un mirage de plus. J’ai tant rêvé cet instant… je voudrais que cela ne s’arrête jamais. »

Il glissa ses doigts sur sa joue, avec douceur et tendresse, puis il s’empara à nouveau de ses lèvres. Maintenant qu’il y avait goûté, il voulait s’en enivrer encore et encore, jusqu’à pouvoir se souvenir avec exactitude, la saveur qu’avaient ses baisers.

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Lancelot était tout bonnement incapable de se soustraire aux demandes de sa reine. Il ferait n’importe quoi pour elle, elle pouvait ordonner n’importe quoi, il le ferait. Pas seulement parce qu’elle était sa reine, mais parce que Lancelot était fou amoureux d’elle. Il lui avait confié son cœur, et elle pouvait en faire ce qu’elle voulait, le manipuler à sa guise. Elle avait le pouvoir de le mettre à genoux, de le faire souffrir, de le torturer… elle avait tous les droits sur lui, qu’il le veuille ou non. Et d’une certaine manière, il appréciait ce pouvoir qu’il avait sur elle. Et le fait de savoir qu’elle l’aimait aussi, c’était en quelque sorte avec de l’emprise sur elle, également. Pourtant, il ne comptait pas s’en servir, jamais il ne tenterait de prendre le dessus sur elle, de l’obliger à quoique ce soit, et jamais il ne la ferait souffrir consciemment.

Il ne voulait que son bonheur, la voir sourire, et savoir qu’elle était comblée. Pourtant, il savait que cette situation la faisait souffrir, tout comme lui. Parce qu’ils trahissaient Arthur, et ce soir plus que jamais, mais Lancelot n’était pas assez fort pour combattre son cœur. Il irait tête baissée contre un dragon, un magicien ou un mort-vivant, mais il n’était pas assez fort contre Guenièvre, et contre toute cette passion qui l’animait, rien qu’en pensant à elle. Il avait pourtant tenté de se faire une raison. Il avait tenté de faire passer Arthur avant tout cela, mais il n’avait pas réussi à étouffer son amour, ce dernier s’était toujours montré plus fort, quelles que soient ses tentatives.

Et maintenant qu’il avait goûté à ses baisers, il ne se sentait plus capable de s’en passer. Pourtant, il savait qu’il le lui faudrait. Guenièvre restait une femme mariée. Mariée au roi, et ils ne pourraient jamais être ensemble. Il n’avait aucune idée de ce dont l’avenir serait fait, mais ce qui était certain, c’était qu’il n’aurait pas Guenièvre à ses côtés, du moins pas comme il l’aurait rêvé. Ils avaient probablement fait une très lourde erreur ce soir, en laissant leurs cœurs parler à leur place, mais pourtant, le chevalier ne regrettait rien. Il avait allégé son cœur trop lourd d’amour, qui s’était tu durant des années. Depuis qu’il avait posé ses yeux sur la reine il était tombé fou amoureux d’elle.

"Et maintenant, que va-t-il se passer ?"

Guenièvre avait le don de le faire redescendre de son nuage. Au moins, il y en avait au moins des deux qui se souciait de la réalité, et ce n’était pas plus mal. Ce qui allait se passer, Lancelot n’en savait rien. Probablement rien. Le chevalier n’irait pas défier Arthur pour lui voler son épouse, il avait même l’intention que ce dernier ne sache jamais rien de tout cela. Il ne savait que répondre à Guenièvre, car il n’avait pas la réponse à sa question.

« Je ne sais pas. Probablement rien de spécial. Vous restez reine, je reste chevalier, rien n’a changé. Si vous désirez qu’à partir de ce moment, nous nous évitions le plus possible, sachez que je m’exécuterai, quand bien ne pas vous voir me tuera à petit feu. »

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Notre étoile est en nous, et, de nous, il dépend qu’elle soit bonne ou mauvaise

Lancelot avait beaucoup de mal à se projeter en ce moment précis. Il ne savait pas ce qu’il allait se passer, mais il était certain que leurs places respectives ne changeraient pas. Il se doutait que ce n’était pas ce que lui demandait la reine, mais il ne pouvait pas lui dire autre chose. Il se doutait bien qu’elle ne quitterait pas Arthur, et il ne lui en voulait pas pour cela, mais alors, rien ne changerait vraiment, même si maintenant, ils savaient que leurs sentiments étaient réciproques.

Lancelot n’oublierait cependant jamais cette nuit, ces confidences, le goût des baisers de Guenièvre, mais il pourrait prétendre que cela n’ait pas eu lieu, si elle le lui demandait. Ce serait probablement difficile, une véritable torture, mais il le ferait, si elle le lui demandait. Lancelot restait à ses ordres, non pas parce qu’elle était la reine, mais parce qu’il ne pourrait pas aller contre sa volonté, et qu’il donnerait sa vie pour elle, comme il le lui avait déjà fait savoir.

Le chevalier ne savait donc pas quoi lui dire, il ne savait pas quoi lui répondre. Il aurait voulu avoir la réponse qui satisferait tout le monde, mais tout le monde ne pouvait pas l’être. Et leur amour finirait probablement sacrifié. Il ne voulait pas que cela se produise, mais s’aimer comme ils le faisaient maintenant, c’était s’adonner à un jeu dangereux. Pourtant, il ne pouvait pas non plus s’y soustraire, comme il ne pouvait pas non plus ignorer son cœur.

"Tout a changé, Lancelot. Je ne saurais jamais vivre ainsi que j'ai vécu jusqu'à cette nuit. Je pourrais prétendre vous ignorer, je pourrais faire mine de vous éviter, mais j'en suis incapable. Je ne pourrais plus vivre sans vous maintenant. J'ignore ce qu'il adviendra de nous, mais cela, je le sais avec certitude."

Lancelot avait l’impression de se faire réprimander par la reine. Il n’avait probablement pas dit ce qu’elle aurait voulu entendre, mais en même temps, il ne voyait pas bien ce qu’elle aurait voulu qu’il lui dise. Il comprenait son point de vue, et il le partageait, mais ce n’était pas pour autant que la situation allait changer. Au fond de lui, il n’avait aucune envie de retourner à la case départ, comme s’il n’était qu’un chevalier, et qu’elle était la reine. Il caressa doucement sa joue.

« Je sais… Je ne veux pas non plus vous tenir trop éloignée, je ne le pourrai pas. Vous m'êtes aussi essentielle que de respirer. Mais que devons-nous faire alors ? Nous voir en cachette, à l’abris des regards, pour partager des moments comme celui-ci ? »

Il posait la question sans mesquinerie. Juste pour tenter de trouver… la meilleure solution possible. Bien que dans leur cas, il n’y en avait probablement pas.

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Notre étoile est en nous, et, de nous, il dépend qu’elle soit bonne ou mauvaise

Les choses s’étaient accélérées d’elles-mêmes. Quelques heures auparavant, jamais Lancelot n’aurait pu imaginer qu’il passerait un tel moment avec la reine. Qu’ils se rapprocheraient autant, tous les deux. Ce n’était pas pour lui déplaire, évidemment. Pouvoir l’embrasser, lui dire combien il l’aimait, la tenir dans ses bras… il en avait rêvé, encore et encore. Il vivait rêve éveillé en cet instant, même si Guenièvre le ramenait à la réalité, en abordant des sujets quelques peu épineux, les conséquences de leurs actes. Il ne lui en voulait pas, elle avait tout à fait raison d’agir de la sorte. De faire preuve de lucidité.

Lancelot était totalement incapable de renoncer à Guenièvre. Ce qu’ils venaient d’échanger n’arrangeait rien. Il avait essayé, à maintes reprises de cesser d’aimer la reine. Mais il ne pouvait pas. C’était en lui. C’était plus fort que lui. Guenièvre était sa raison d’être, sa raison de respirer, il ne pouvait pas renoncer à elle. Il n’en avait aucune envie. Parce qu’elle l’aimait aussi. Elle l’aimait aussi fort que lui le faisait. Ils étaient peut-être des âmes sœurs, quelque chose qui s’en rapprochait. Même s’il n’y avait pas de mot pour le décrire, son existence tournait presque autour de la reine.

Pourtant, il était prêt à rester loin d’elle, si elle le lui ordonnait. Ce serait une déchirure, et une véritable torture, mais il ne ferait jamais rien qu’elle ne désire pas. Si elle voulait oublier, si elle voulait retourner auprès d’Arthur et ne plus jamais qu’ils évoquent cet instant, il le ferait. C’était peut-être lâche de sa part, de laisser Guenièvre prendre la décision. Une décision qui serait sans doute capital, mais il estimait qu’elle avait davantage à perdre que lui, si tout venait à être découvert. S’ils devaient répondre de leurs actes, Lancelot défendrait et protégerait toujours Guenièvre, même si pour cela, il devra mentir, aggraver son cas et fausser la vérité. Il fera toujours en sorte que Guenièvre s’en sorte.

"Seigneur Lancelot. Soyez mon amant."

Lancelot sentit son cœur se mettre à battre davantage (alors qu’il était déjà dans une course effrénée). Il n’y avait à présent, aucun retour en arrière possible. Même si c’était risqué, même si une part de lui se sentait horriblement coupable vis-à-vis d’Arthur, il ne pouvait pas répondre non à la reine. Ce n’était même pas une question, dans tous les cas. Il avait envie d’être son amant, bien évidemment. Même s’il était conscient qu’il ne pourrait pas y avoir pire trahison, il ne pouvait pas faire machine arrière, il ne pouvait pas s’éloigner de la reine. Il posa tendrement son front contre le sien, gardant ses mains dans les siennes avec douceur.

« Je le désire plus que tout Guenièvre. »

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