Le grain de sable qui vient perturber le plan. (Maria <3)

A

insi donc, Azilis était une princesse... Au fond, Maria ne devrait pas être surprise. Gaspard ne pouvait que viser l'excellence, et ambitieux qu'il était, il n'avait sans doute pas pu s'empêcher de chercher au-delà de ce qui devrait appartenir à son champ d'action. On aurait dit le début d'une tragédie comme celle qui se produisaient sur scène, parfois, le genre d'histoire d'amours contrariées qui finissait presque toujours dans le sang et dans les larmes. Maria ne savait exactement quoi penser de cette histoire. A vrai dire, elle se sentait... mitigée. Une part d'elle s'amusait beaucoup de cette situation, qu'elle trouvait à la fois divertissante et intéressante. Mais une autre part d'elle, en revanche, se réjouissait un peu de sentir que la relation entre Azilis et Gaspard était vouée à l'échec. Une sorte de possessivité la poussait à ne pas vouloir forcément le voir si vite passer du statut d'amant passager à celui d'amant du passé... même si rien ne laissait présumer qu'il se passerait à nouveau quoi que ce soit entre eux, elle aimait bien l'avoir sous la main. Et évidemment, elle aimait l'entendre dire qu'il était encore, d'une certaine manière disponible. Quoi qu'elle ne voulait pas son malheur non plus. Il espérait bien que ses amours tenaient plus de la simple lubie, et qu'un jour ou l'autre, il trouverait une femme de son rang... Mais il n'avait pas besoin de se presser... Quand bien même Gaspard avait clairement l'âge de fonder une famille. Attendre plus, ce serait clairement attendre trop.

-Je suis désolée pour toi, Gaspard, répondit la serveuse qui donc n'était jamais qu'à moitié sincère.

Elle ne vouilait pas que Gaspard soit malheureux en quoi que ce soit, mais en revanche, elle apprécierait qu'un quelconque sentiment négatif le pousse à se montrer un plus fervent chasseur encore qu'il ne l'était déjà. Elle pourrait bien encourager le jeune homme à s'accrocher, à insister, à se battre par amour, mais elle était lucide. Et après avoir elle-même subi la contrariété de voir l'homme qu'elle pensait épouser s'engager avec une autre (même s'il n'était pas dans son cas question de sentiments), elle savait très bien que certaines choses ne devaient tout simplement pas se faire, ni plus ni moins. Dans tous les cas, elle voulait bien se montrer compatissante tant que cela n'encourageait pas Gaspard à s'appesantir sur son sort.

-Il y a en ce bas monde nombre de femmes à ta portée qui seront ravies de te la faire oublier. Tu devrais te concentrer sur elle et ne pas te lamenter sur une histoire qui ne pourra pas exister.

Voilà quel était son conseil. Qu'il lui plaise ou non, elle le pensait, et même si le conseil en question était intéressé, cela ne changeait rien à ce qu'il imaginait.

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M

aria afficha un sourire pour le moins satisfait quand son interlocuteur affirma qu'elle avait raison. C'étaient des mots qu'elle adorait entendre. Et en même temps, qui lui semblaient tout naturel, car elle estimait qu'il étaitt définitivement très rare qu'elle se trompe. Elle savait prendre les bonnes décisions. Et en l'occurrence, elle savait aussi faire en sorte que les décisions qui étaient bonnes pour elles soient considérées bonnes pour les autres. En l'occurrence, elle avait besoin que Gaspard soit concentré sur l'essentiel et ne s'éparpille pas en soupirant après une femme qu'il n'aurait absolument jamais. Du moins selon ses dires. Elles considéraient que les histoires d'amour impossibles étaient l'apanage des grandes histoires romanesques. Pour le reste, autant dire le commun des mortels, le mieux à faire était encore de laisser couler et d'apprécier les plaisirs simples et directs de l'existence, ceux que l'on pouvait obtenir directement et sans faire la moindre histoire. Alors Gaspard avait tout à fait raison de faire comme il l'avait toujours fait jusqu'à présent. Pas que la serveuse connaisse tout de son expérience en la matière, mais elle se faisait une bonne idée du comportement qu'il savait adopter vis-à-vis des femmes puisque tous les deux avaient eu l'occasion d'être pour le moins.. intimes.

Les sentiments, l'amour, c'était... une perte de temps. Maria y avait très tôt renoncé pour sa part, et sans aucun regret. Elle trouvait un intérêt manifeste au sentiment amoureux, car elle reconnaissait que ce dernier rendait les gens faibles et pouvait vous remplir le portefeuille. L'amour, c'était... ce qu'on décidait d'en faire, au final. Et en l'occurrence, mieux valait qu'il ne s'agisse que d'un passe-temps qui vous permettait de vous concentrer sur d'autres choses autrement plus importantes. Et à ce titre, ce n'étaient évidemment pas les exemples qui manquaient. Gaspard pouvait avoir un grand destin qui se profilait devant lui. Pas parce qu'il était un chevalier, ou du moins pas seulement, mais parce qu'il était capable de réussir partout où son père avait échoué. En même temps, Obéron incarnait la déception, et ce à plus d'un titre.

-Et je suis sûre que tu réussiras tout ce que tu entreprendras, répondit Maria avec un sourire sincère.

Et elle le pensait réellement. Même si en l'occurrence, elle n'avait pas forcément l'envie qu'il réussisse dans sa conquête de cette femme qui visiblement avait su dérober son coeur. Elle avait comme l'intuition que ce serait parfaitement contreproductif.

-Dans tous les cas, tu sais que tu pourras toujours compter sur moi.

Et ça, c'était évidemment la vérité. Une fois encore, c'était une démarche complètement intéressée, elle n'allait pas le nier. Mais après tout, ça ne faisait de mal à personne. Et en tout cas certainement pas à elle.

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M

aria inclina légèrement la tête quand son interlocuteur le remercia, ce qui était une façon de lui dire qu'il n'avait aucune raison de la remercier, ce qu'elle ne pensait pas réellement. En vérité, elle appréciait beaucoup ces remerciements, et elle adorait inspirer de la gratitude. Car quiconque ressentait de la gratitude éprouvait presque aussitôt l'impression d'être redevable, et c'est quand un personne vous était redevable qu'elle devenait plus qu'influençable.

Elle ne pensait pas avoir besoin d'exercer ce genre d'influence sur Gaspard, ceci dit il considérait que ça pouvait toujours être bon à prendre malgré tout. Et puisque ce qui les tenait jusqu'alors se délitait un peu maintenant qu'elle n'était plus engagée auprès d'Obéron et que lui avait une femme dans sa vie. Alors elle appréciait n'importe quel lien qui lui permettait de garder Gaspard sous sa coupe. Elle aimait trop l'avoir dans son sillage, elle ne supporterait vraiment pas qu'il lui échappe pour de bon, parce qu'il était essentiel aux chasseurs d'une part, c'est l'évidence, mais aussi et surtout parce qu'elle l'appréciait beaucoup.

En plus de la remercier, il lui assura qu'il était prêt à lui apporter son soutien au même titre qu'elle lui garantissait de le faire. Cela aussi, elle l'appréciait ,elle ne pouvait pas s'en cacher. Ni n'en avait l'envie, d'ailleurs, cette relation de confiance mutuelle qu'ils exprimaient à l'heure actuelle leur était indispensable pour la suite des opérations, et à ce titre, leur conversation avait sans doute été indispensable, tout comme elle n'oublierait en aucun cas d'être bénéfique, bien évidemment, pour le temps à venir.

-Je n'en ai jamais douté, assura-t-elle avec sérieux, en plongeant quelques instant son regard dans le sien. Elle regarda un instant autour d'elle, croisa le regard de son patron qui, apparemment, s'agaçait de la voir négliger son service auprès d'un seul client, fût-il chevalier de la table ronde, puis ajouta, toujours le même sourire aux lèvres. J'aurais aimé pouvoir parler plus longuement avec toi, mais je crois que le devoir m'appelle. Elle prit tout de même te temps de l'observer, toujours avec la même intensité qui pouvait bien laisser place à toutes les équivoques possibles, qu'elle le veuille ou non, avant d'ajouter. Nous aurons tout le temps de nous reparler plus tard.

Elle n'avait que des convictions à ce sujet. Après tout, peu importe qu'elle ne devienne jamais une Gabet, les chasseurs, eux, ne disparaîtraient jamais, du moins pas tant qu'il resterait un enemi à combattre, et à ce titre, donc, il était en effet évident quand ils se reverraient tous les deux. Et le plus tôt serait le mieux. Elle était convaincue, d'ailleurs, même, que pour peu qu'ils n'aient aucune raison de se côtoyer, ils trouveraient tout de même une raison de le faire.

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