Guenièvre Pendragon

Il n’y a pas de culture ou de temps au sein desquels la beauté n’eut pas d’importance. Cela est sans doute superficiel, mais c’est ainsi tout de même. La chance de Guenièvre fut de naître belle, d’une beauté qui ferait battre bien des cœurs et attiserait plus d’une jalousie. Belle de naissance, mais aussi issue d’un foyer très respectable, comment la vie ne pourrait-elle pas sourire à Guenièvre ? Fille du roi Léodagan de Carmélide, qui tenait à son enfant comme à la prunelle de ses yeux, elle fut chérie comme tout fils ou fille devrait l’être. En Carmélide, les terres étaient prospères, bénies par un roi auquel la famille de Guenièvre avait toujours été loyale. Léodagan, adoubé par Uther Pendragon en personne, dont il fut l’un des plus fidèles et respectables chevaliers, ne cessa jamais d’adresser à la famille royale tout le respect qu’elle méritait. Quand Arthur Pendragon tira Excalibur de son rocher et s’imposa comme le monarque de Camelot, la Carmélides lui prêta aussitôt allégeance, sans l’ombre d’une hésitation. Ils furent les premiers à s’incliner devant leur nouveau seigneur dont l’accession au trône attisait pourtant nombre de jalousies, et l’incompréhension de certains, qui ne supportaient pas l’idée qu’un bâtard puisse être ainsi couronné. Mais cette loyauté devait, en contrepartie, leur attirer des ennemis cruels.

Le plus redoutable d’entre eux fut certainement Méléagant, qui non content de mettre en joug Leodagan, le menaça pour obtenir la main de sa fille. Contraint et forcé, le père de Guenièvre fut obligé d’obtempérer, et cette dernière se retrouva fiancée à cet homme exécrable, qui lui vouait, elle s’en rendit vite compte, une passion terrifiante, qui n’avait rien à voir avec de l’amour, plutôt un désir tortueux. Guenièvre crut son sort scellé.

Ce fut alors qu’il vint à leur secours. Arthur Pendragon en personne sauva son chevalier le plus loyal des griffes de Méléagant, et succomba, par la même, au charme de la belle Guenièvre, qui le lui rendit bien. Elle crut bel et bien éprouver de l’amour pour Arthur, et ne songea pas même à refuser quand celui-ci lui demanda de la suivre à Camelot et de devenir son épouse. Aujourd’hui, elle n’est plus sûre de l’aimer. Ou pas du bon amour. Elle a fait cet horrible constat peu avant ses noces, en faisant la connaissance de Lancelot du Lac. Elle l’adouba de ses propres mains, consciente que ce faisant, elle commettait le pire des sacrilèges, car il lui avait suffi d’un regard pour savoir que ses sentiments pour Arthur, même forts, n’étaient rien en comparaison de ce que lui faisait ressentir Lancelot, comme si leurs âmes étaient liées l’une à l’autre.

Elle renferme ce secret au fond de son cœur, et il lui fait le plus grand mal. Assaille par la colpabilité, elle aimerait oublier son amour pour Lancelot, mais comment faire quand son cœur bat si fort en ne faisant que penser à lui ? tiraillé entre sin devoir, celui de ne pas trahir son père, son affection réelle pour celui qu’elle a épousé en étant pourtant consciente qu’en autre homme habitait ses pensées, et son amour impossible pour Lancelot, elle tente d’être la reine qu’on souhaite la voir être, niant une passion que le temps n’altère pas.