Plus l'ami est ancien, meilleur il est [pv Pellinore :3]

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ellinore avait beau affirmer qu'elle n'avait aucun besoin de le remercier, elle n'était pas de cet avis. Sa seule présence était un vrai cadeau pour elle, sincèrement. Oui, sa plus grande chance avait été de retrouver Ena, mais malgré tout, elle savait que ses retrouvailles avec le jeune seigneur d'Autice avaient été déterminantes pour elle. Elle lui devait beaucoup, de par sa présence, de par son amitié, de par le souvenir d'une complicité passée que sa seule présence suffisait à faire effleurer... Et maintenant, non seulement il se montrait présent et compréhensif, mais en plus, il acceptait de porter son secret. Elle avait peut-être tort de le penser, mais elle croyait vraiment dans le fait que le jeune homme ne la trahirait pas, surtout pas. Tout comme il ne lui viendrait jamais à l'esprit de trahir son propre secret. De par les confidences qu'ils venaient de se faire, leur amitié semblait avoir gagné un degré d'authenticité supplémentaire. Elle était vraiment heureuse de pouvoir de nouveau le compter dans sa vie. Ce moment lui prouvait combien il était essentiel à cette dernière, et il le demeurerait quoi qu'il puisse advenir.

Elle desserra leur étreinte. C'était la première fois qu'elle le prenait dans ses bras. Quand bien même elle n'avait aucun souvenir de sa vie passée, elle se doutait que ce geste n'avait pas été dans leurs habitudes. Ceci dit, il avait été totalement spontané, et elle ne le regrettait en rien. Malgré tout, elle ne voudrait pas qu'il devienne gênant non plus, raison pour laquelle elle n'oublia tout de même pas de ne pas le faire durer trop longtemps. elle lui adressa un sourire quand il la remercia de la confiance qu'elle lui adressait. C'est sûr que la confiance était un don que Manon avait tendance à distribuer avec parcimonie, au vu de ses ambitions et de son histoire. Mais avec Pellinore, elle n'avait pas hésité ne serait-ce qu'un seul instant. Elle était encore plus sûre que précédemment de l'honnêteté du jeune homme. Elle n'avait rien à craindre venant de lui, il la protègerait quoi qu'il arrive.

-Tu es l'une des personnes en qui j'ai le plus confiance, affirma-t-elle avec toute la sincérité du monde.

Il serait même la personne en qui elle aurait le plus confiance s'il n'y avait Ena, Ena à qui elle serait bien capable de confier sa vie les yeux fermés s'il le fallait, et sans l'ombre d'un regret, cela va sans dire.

-Sûrement parce que ça a toujours été le cas.

C'est fou comme son esprit peinait à lui communiquer des souvenirs vraiment concrets. Elle n'avait plus la mémoire des événements, en revanche, la mémoire de ses sentiments, elle, était là, bien présente, vivance, et Manon choisissait de s'y fier aveuglément, sans aucune crainte d'aucune sorte.

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anon afficha un fin sourire quand Pellinore lui assura qu'elle était l'une des personnes en lesquelles il avait le plus confiance, et depuis toujours. Se découvrir une amitié aussi forte avec quelqu'un était quelque chose qu'elle n'aurait pas cru. Elle devait réapprendre à être digne de l'amitié de Pellinore, mais quelque part, c'était entièrement naturel pour elle, et elle adorait la relation qu'ils réussissaient à développer, au fond presque malgré eux. La jeune femme croyait Pellinore sur parole quand ce dernier lui assurait qu'il lui faisait confiance. Dans le cas contraire, il ne se seerait pas permis de lui parler de la nature de sa relation avec sa soeur.

Certes, Manon avait eu une longueur d'avance sur lui à ce sujet, mais quelle importance ? Ils n'avaient plus aucun secret l'un pour l'autre, et c'était définitivement ce qui importait. Au point que Manon oubliait aisément la rancoeur qu'elle avait tenu au jeune seigneur d'Autice pour avoir cru qu'elle ait pu pactiser avec l'ennemi. Le temps écoulé sans se voir, son silence, son amnésie... de toute évidence, Pellinore avait des circonstances atténuantes, et c'était bien évidemment oublié. Elle préférait accepter cette amitié pour ce qu'elle était. Et l'embrasser pleinement.

-J'aimerais beaucoup... que tu me racontes quelque chose, n'importe lequel des souvenirs qu'on a en commun, un souvenir important pour toi.

Elle n'était pas sûre de savoir ce qu'elle attendait exactement de ce que la réponse de Pellinore serait, ce qu'elle savait en revanche, c'est que c'était une façon comme une autre de prolonger ce moment. La jeune femme sentait bien que même s'ils étaient parvenus à se retrouver, et qu'ils étaient peut-être même plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été auparavant... il lui manquait beaucoup de choses de leur passé commun. Elle avait appris à se satisfaire de ne rien savoir de son passé. Pour tout dire, elle était plutôt heureuse de ne rien savoir : elle avait pu repartir sur des bases neuves, tout simplement, et ça lui avait plu, parce qu'elle aimait ces nouvelles bases.

Mais en ce qui concernait Pellinore, c'était une autre affaire. Elle avait l'impression de passer à côté de quelque chose en ne sachant pas tout. Cela prendrait forcément du temps avant qu'elle ne recueille tous les souvenirs importants qui avaient façonné leur amitié, mais après tout, ils avaient du temps devant eux, alors, au bout du compte, ils pouvaient tout à fait se le permettre. Du moins si cela ne posait aucune sorte de problème à Pellinore. Elle savait qu'il n'était pas la personne la plus bavarde qui existe au monde, loin s'en faut. Mais elle se disait qu'il était capable de faire cet effort pour elle. Et elle avait bien conscience d'être privilégiée, à ce titre.

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anon savait bien que sa requête était très particulière, et elle aurait tout à fait compris que Pellinore ne souhaite pas y répondre favorablement. Il pourrait peut-être même trouver cela blessant et douloureux, qui sait. Manon voulait mettre leur affection mutuelle sur un pied d'égalité, parce que quand elle était avec le jeune homme, elle ne doutait pas de son amitié pour lui, de la sincérité de ses émotions et de la force de la confiance qu'elle plaçait en lui. Mais lui pourrait bien douter, car en lui demandant de lui remettre en mémoire (ou du moins en pensée) un souvenir commun, elle admettait par la même occasion qu'elle ne se rappelait vraiment rien de ces moments qui les avaient pourtant liés et rapprochés. Oui, elle aurait compris, vraiment, que Pellinore se rembrunisse ou lui refuse cette faveur très particulière. Mais ce ne fut pas se cas, et sa réaction eut le don de lui décocher le plus sincère des sourires. Le jeune homme, loin de prendre ombrage (ou ne le montrant pas en tout cas), laissa passer un temps de silence, et la servante de la reine comprit bien vite que c'était dans l'intention de fouiller sa mémoire afin d'y recueillir un moment pertinent.

Ou pas, ce n'était finalement pas d'un moment en particulier qu'il lui parlait, mais de plusieurs moments concentrés en quelques mots, tandis qu'il lui parlait du rôle qu'elle avait joué auprès de lui à l'époque. Il lui parla de son éducation aux armes, et des difficultés qu'il avait rencontrées à exceller dans ce domaine. Elle appréciait sa transparence à ce sujet. Beaucoup d'hommes n'auraient pas daigner avouer une telle faiblesse, ce même si cette faiblesse appartenait dorénavant au passé. Elle reconnaissait apprécier savoir qu'elle avait pu être présente pour lui et l'aider à se dépasser, même si elle avait bien du mal à concevoir malgré tout précisément de quelle façon elle avait tenu ce rôle. Ce n'était pas pour rien si elle avait espéré entendre une anecdote très précise, elle avait envie de retrouver un souvenir, quelque chose de tangible, de concret... mais c'était sans doute chose difficile à comprendre quand on avait la mémoire vive et intacte, chose qui lui manquait terriblement, à elle.

-De quelle manière ? demanda-t-elle alors, incapable de contenir sa curiosité.

Elle voulait des précisions, des exemples, elle en demandait sans doute trop, mais tant pis, tant que Pellinore la laisserait le questionner, elle ne se retiendrait de toute évidence pas de le faire, elle en serait bien incapable. Elle vivait bien avec le fait de ne plus rien savoir de son passé, en temps normal, mais quand elle était en présence de cet ami de longue date, elle avait besoin de s'y reconnecter, parce qu'elle sentait bien que tous les moments qu'ils avaient passé ensemble avaient été précieux, et elle ne voulait pas passer à côté.

-Qu'est-ce que je faisais ? Qu'est-ce que je te disais ?

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anon afficha un fin sourire quand Pellinore lui assura qu'elle n'avait pas besoin de faire ou de dire grand-chose, en réalité, pour réussir à l'aider ou à le rassurer. C'était une chose qu'elle aimait penser, parce que c'était une chose qu'elle ressentait depuis ses retrouvailles avec Pellinore. Elle avait le sentiment qu'ils se comprenaient sans avoir besoin de se dire grand-chose, tout comme elle avait également la nette impression que cette confiance mutuelle était quelque chose d'innée entre eux. Leur amitié était si profonde qu'elle avait survécu au temps, à l'absence, et même à l'oubli. Ce genre d'amitié ne pouvait pas s'encombrer de seules et simples platitudes, c'était tout à fait impossible.

Malgré tout, Pellinore lui assura que cela ne les empêchait pas d'avoir de longues conversations et d'échanger sur beaucoup de sujets. Là encore, ce n'était pas une surprise immense pour Manon. Rien que leur discussion le prouvait bien. Ils parlaient beaucoup ensemble, tous les deux, ils ne redoutaient pas de s'ouvrir mutuellement leur coeur. Et ils le faisaient une fois de plus en cet instant. Elle le soutenait en l'invitant à avoir davantage confiance en lui. Elle avait dû être efficace. Certes, Manon voyait bien que Pellinore souffrait d'un certain nombre d'insécurités, mais il ne passait pas du tout, en revanche pour quelqu'un qui manquait de confiance. Au contraire, il dégageait une assurance toute particulière. Pas de celles auxquelles Manon avait pu être habituée, mais néanmoins manifeste... et qu'elle appréciait beaucoup chez lui malgré tout.

-Sans vouloir m'avancer, je crois que tu n'as plus vraiment besoin de qui que ce soit pour avoir confiance, affirma-t-elle avec un sourire. En fait, elle devrait sans doute prendre des cours avec lui, maintenant. Certes, elle ne manquait pas de confiance en elle non plus, il ne fallait pas exagérer, mais elle se trouvait parfois toute petite face à l'aura de ceux qui l'environnaient, qu'il s'agisse d'Ena ou du roi et de la reine. Elle marqua une légère une pause. Dis... est-ce que je te parlais de moi ? Qu'est-ce que je te racontais ?

Elle ne voulait pas avoir la démarche égoïste de tout ramener à elle, mais comprendre sa relation avec Pellinore et son impact sur eux, cela revenait invariablement à se comprendre mieux elle-même, et si elle pouvait réussir à rattraper certaines de ces bribes d'elle-même que Pellinore possédait peut-être, elle ne voulait surtout pas s'en priver. Elle ne savait pas ce que Pellinore saurait lui en dire, elle ne pouvait même pas être certaine que la Manon d'autrefois avait été sincère avec lui (même si c'était malgré tout une chose qu'elle n'avait pas envie de croire ou d'accepter tant elle estimait qu'elle ne pourrait mentir à Pellinore qu'à regrets).

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anon savait bien qu'elle posait à son ami des questions improbables, mais c'était plus fort qu'elle : il était sans doute celui qui l'avait le mieux connue avant son amnésie, alors si elle voulait retrouver un peu de qui elle avait été autrefois, il paraissait indispensable qu'elle s'interroge et l'interroge sur la manière dont elle parlait-elle-même, si cela faisait véritablement sens. En soi, se souvenir de qui elle était avait fini par avoir peu d'importance aux yeux de la servante de la reine. Grâce à Ena, elle avait gagné une nouvelle identité, une identité qu'elle chérissait plus que tout, et elle n'en exigeait pas davantage. Mais la présence de Pellinore changeait la donne.

En sa présence, elle avait envie de se rappeler qui elle avait été, avant tout et surtout parce qu'elle avait le sentiment de le devoir à ce jeune homme dont elle se sentait toujours si proche en dépit des années écoulées et de tout ce qui normalement les dissociait et les éloignait à présent, faisait qu'ils n'étaient peut-être plus faits pour être amis et ressentaient pourtant qu'ils pouvaient se faire confiance, au point même de se dire peut-être certaines choses qui ne devraient pas forcément être dites, pourtant.

Donc, elle lui parlait d'elle, en même temps, ce semblait logique. Ce qu'elle devinait de leur relation d'autrefois induisait forcément une confiance profonde, qui allait de pair avec son lot de confidences, elle en était certaine. Pellinore le lui confirma, ils étaient des confidents... Il ne lui cachait rien, et il avait envie de penser qu'elle ne lui cachait rien non plus, même si c'était bien évidemment difficile à dire dans les circonstances actuelles. Peut-être lui avait-elle fait des mystères autrefois ? Impossible de le savoir, mais Manon voulait croire qu'elle se serait dans tous les cas montrée aussi honnête qu'elle le pouvait envers lui. Sans rien nier, au mieux en éludant.

-Ma famille... C'est drôle, mais Manon, en temps normal, y pensait à peine. Elle savait bien qu'elle était née et avait grandi quelque part, ce genre de choses, mais si parfois elle songeait à regagner sa mémoire, elle n'envisageait jamais de remonter la trace de sa famille. Elle avait fini par se dire qu'ils n'avaient jamais dû vraiment compter, mais si elle se trompait ? Si elle en avait parlé à Pellinore, c'est que ça avait dû compter pour elle, d'une manière ou d'une autre. Je ne sais plus rien les concernant, observa-t-elle doucement, ce qui était logique, vu les circonstances. Qu'est-ce que je te disais à leur sujet ?

Il ne s'en souviendrait peut-être plus, elle convoquait sa mémoire lointaine et elle le savait très bien, mais elle n'avait pas envie de taire sa curiosité. Bien au contraire, elle ne demandait qu'à l'exprimer.

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n touchait pour Manon à un sujet particulier. Tout ce qui concernait son passé oublié était évidemment particulier, sur le principe délicat, mais là, il était en plus question de sa famille, c'était forcément plus complexe encore. Mais c'était nécessaire, et même si la jeune femme n'était pas sûre d'être capable d'assimiler tout ce qu'elle allait entendre, elle ne voulait pas en manquer ne serait-ce qu'une bribe. Elle buvait littéralement les paroles de son interlocuteur. Elle avait fait le deuil de son passé, elle aimait qui elle était devenue, elle ne changerait rien à cela, mais elle trouvait nécessaire d'honorer la mémoire de ceux qui l'avaient mise au monde... surtout qu'ils semblaient tant l'aimer... Ils méritaient, au nom de tout ce qu'ils avaient sans doute fait pour elle, qu'elle respecte leur mémoire faute de se souvenir d'eux.

C'était étrange, tout de même. Des personnes qui avaient tant compté pour elle, et pourtant, ils étaient des étrangers. Elle ne saurait mettre de visages sur leurs noms, elle ne saurait dire quelle voix ils avaient, comment était leur rire, leur démarche, leurs réflexes, leurs habitudes, leurs tics de langage, tous ces petits riens qui façonnaient votre personnalité. Tout ça s'était, à l'évidence, évaporé, et il n'en restait plus rien du tout. Elle devait se fier à l'avis d'autre. Elle se demandait ce qu'en penseraient ses parents, s'ils étaient capables de la voir. Mais la question ne se posait certainement pas... ils étaient... ils n'étaient plus rien. Et cela, cette rage à l'égard de ceux qui avaient détruit sa vie, elle ne l'oubliait pas, même si elle avait parfois tendance à négliger ces considérations quand elle se trouvait en présence de la reine, qui lui semblait bien innocente en comparaison de toutes les atrocités commises...

-Je m'en veux... Je m'en veux de ne même plus être capable d'honorer leur mémoire correctement. Je voudrais être capable d'avoir ne serait-ce qu'un seul souvenir qui les concerne. Comment est-ce que j'ai pu les aimer autant et les éjecter ainsi de ma mémoire ? se lamenta-t-elle, dépitée.

Manon ne devrait pas trop y réfléchir, elle devrait accepter les choses comme elles étaient, mais c'était évidemment plus facile à dire qu'à faire. Elle avait envie de faire plus que ce qu'elle faisait, pour cela, elle comptait sur Ena, sur sa présence inspirante. Et à présent qu'elle avait retrouvé Pellinore, elle ne pouvait que vouloir compter sur lui également.

-Tu sais, la famille, finalement... c'est celle qu'on se choisit, pas celle qu'on nous impose...

Elle avait besoin d'y croire, sans quoi, elle devrait admettre ne plus avoir de famille du tout, chose qu'elle ne supporterait pas. Non, Ena était sa famille, et elle l'aimait plus que tout.

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a culpabilité n'était pas un sentiment dominant pour Manon, mais c'était en revanche un sentiment récurrent. Et c'était vraiment compliqué à gérer, car elle culpabilisait bien souvent de choses qu'elle n'avait pas tout à fait conscience d'avoir faites en fin de compte. Non, ce n'était clairement pas un sentiment dominant, mais en revanche, c'était un sentiment plutôt récurrent. Elle s'en voulait auprès de tous ceux qu'elle n'avait pas oublié, alors que justement, elle ne savait même pas auprès de qui elle devrait s'en excuser. Elle s'en voulait pour la reine et pour toutes les manipulations auxquelles elle consentait dans l'intention d'aider Ena à satisfaire ses ambitions. Elle s'en voulait auprès d'Ena d'éprouver ce genre d'émotions concernant la reine. Oui, c'était un cercle vicieux, et un cercle sans fin. Et bien sûr, oui, qu'elle culpabilisait auprès de sa famille. Ses parents l'avaient mise au monde, peut-être l'avaient-ils choyée et protégée, et pourtant, elle n'était pas capable de se souvenir de quoi que ce soit. Tout ceci était, pour elle, un véritable tissu de mystère, duquel elle ne parvenait pas à se dépêtrer.

Elle savait que Pellinore avait raison, qu'elle ne devait pas s'en vouloir, mais c'était clairement plus facile à dire qu'à faire. Tôt ou tard, elle espérait réussir à dépasser tout ça, ou bien que sa mémoire lui revienne subitement, limpide comme de l'eau de roche. Mais dans l'espoir qu'une telle chose se produise, elle ne sait absolument pas quoi faire en dehors du fait d'encourager Pellinore à poursuivre ce même discours... Ses paroles lui faisaient du bien et l'encourageaient. A ses côtés, elle se sentait plus forte et moins inutile, et elle espérait de tout coeur qu'il en serait toujours ainsi, quand bien même elle n'avait pas la moindre garantie à ce sujet.

-Je pense que tu as raison, oui, répondit Manon avec un fin sourire. Et pour cela, je ne peux que remercier toutes les divinités du monde de t'avoir placé de nouveau sur ma route. Je pense que je n'aurais pas eu toutes les chances du monde d'être heureuse si je n'avais pas retrouvé mon meilleur ami.

Pouvait-elle encore prétendre qu'il l'était toujours, son meilleur ami ? Peut-être que non, mais elle avait tout de même l'intention de rester présente aux côtés de ce dernier quoi qu'il advienne. Il y avait des choses naturelles, qui lui laissaient suggérer qu'au fond, ils avaient toujours été faits pour s'entendre tous les deux, et elle avait envie de leur donner la chance de pouvoir être qui ils avaient autrefois été l'un pour l'autre.

-Moi qui n'est semble-t-il pas de frère, je serais honorée de te considérer comme tel.

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