Le passé n'efface pas l’amertume et la rancœur | Edwin & Calogrenant

Le passé n'efface pas l’amertume et la rancœur

C’était toujours agréable, de se sentir chez soi. C’était quelque chose que Calogrenant se disait à chaque fois qu’il revenait de quête. Mais ce sentiment était bien vite écarté, quand la réalité de sa propre situation lui revenait en pleine figure. Il exagérait peut-être un peu la chose, mais il n’y pouvait rien, il avait l’impression d’être la risée de la table ronde, alors qu’en réalité, les autres chevaliers se fichaient probablement de ses petites histoires, ils avaient les leurs à gérer.

Mais il restait obsédé par cette histoire, par son échec. Il avait toujours voulu prouver sa valeur au monde, montrer qu’il était quelqu’un, mais jusqu’ici, on ne pouvait pas dire que son succès était palpable. Déjà qu’il avait du mal à digérer le fait qu’il était le seul de ses cousins à ne pas être de sang royal, voilà qu’il échouait là où ses mêmes cousins réussissaient. Cela commençait à faire beaucoup. Et pourtant, il continuait d’aimer ses cousins, mais il ne pouvait s’empêcher de les jalouser. Surtout Yvain. Même si ce dernier avait été à Landuc pour défendre son honneur, c’était vexant. Comme si Calogrenant était une demoiselle qui avait besoin de l’aide d’un preux chevalier pour se sortir d’un pétrin.

Certains diraient donc qu’il devait laisser tout cela de côté, mais non, il ne pouvait pas. Il devait à tout prix prouver qu’il valait aussi bien qu’Yvain, qu’il n’était pas plus faible. Ce n’était probablement pas bon de garder ce genre de rancœur en lui, mais il se voyait mal les exposer à Yvain. Connaissant ce dernier, il culpabiliserait, et même si une part de Calogrenant se sentirait satisfaite de cela, il n’avait pas envie de se brouiller avec Yvain, ce serait idiot. Mais bon, ce n’était pas toujours évident de jongler entre son affection et sa colère contre le chevalier, mais fort heureusement, il ne l’avait pas croisé depuis un moment, ce qui lui laissait le temps de gérer les choses, même si depuis le temps, il aurait dû apprendre à le faire.

Le chevalier était donc en proie aux réflexions, et il ne fit pas vraiment attention à ce qu’il y avait autour de lui. Il se contentait de progresser calmement vers Camelot, vers le château, désireux de pouvoir se reposer au plus vite, mais le repos devra sans doute attendre un peu. Puisque sa route croisa celle d’Edwin de Landuc. Il ne manquait plus que lui. Calogrenant détestait cet homme. Pourquoi ? Parce qu’il était le seigneur de Landuc, tout simplement, le territoire qui avait été témoin de son échec.

« Seigneur Edwin, vous vous trouvez bien loin de Landuc. »

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Le passé n'efface pas l’amertume et la rancœur

Depuis l’incident de la fontaine, Calogrenant n’avait jamais remis les pieds sur les terres de Landuc, et il ne comptait pas le faire un jour. Cet endroit n’avait fait que lui porter malheur, et il était donc hors de question qu’il y aille à nouveau. Sauf si le roi lui ordonnait de le faire, mais il gardait en tête qu’il n’y avait aucune raison pour que cela se produise, quand bien même, il tenterait de faire changer l’opinion du roi, en lui intimant d’y envoyer quelqu’un d’autre. Landuc et Camelot étaient en bon termes, ce qui n’était pas le cas de Caogrenant.

Il n’était donc pas vraiment en bons termes avec celui qui était aux commandes de Landuc, ce qui était somme toute logique. Moins il le voyait, mieux il se portait, même si ce n’était pas non plus la haine qui les animait. Mais Edwin de Landuc avait perdu son gendre dans toute cette histoire, et Calogrenant son honneur, alors il était tout à fait normal que les deux hommes ne s’aiment pas. Ce n’est pas pour autant que Calogrenant allait lui manquer de respect. Il était chevalier de la table ronde, un code était donc à respecter, encore plus envers les invités du roi. Il ne commettrait donc aucune faute de courtoisie en présence de cet homme.

En réalité, Calogrenant n’avait absolument aucune idée de ce que faisait Edwin à Camelot, mais c’était probablement pour faire affaire avec le roi. Il était courant qu’Arthur reçoive les Seigneurs des terres voisines. Après tout, il était leur souverain à eux aussi, et ils lui devaient obéissance, tout comme Arthur s’engageait à écouter leurs doléances. Mais bon, Calogrenant ne voyait pas ce dont Edwin pourrait venir se plaindre, il semblait avoir tout ce dont il avait besoin. Même si au final, il connaissait très peu cet homme, et donc n’avait aucun moyen de juger ce genre de choses.

« En effet Sir Calogrenant. En effet, j’ai des affaires à régler à Camelot. Vous n’êtes pas en quête vous visiblement ? »

La réponse de l’homme en face de lui n’était pas étonnante. Cependant, Calogrenant était heureux de ne discerner aucune amertume, ou colère déguisée dans sa voix. Cela ne voulait pas dire qu’il ne le détestait pas, mais au moins, il ne montrait pas d’hostilité, ce qui était pour le mieux. Le jeune homme n’aurait pas eu envie de devoir se justifier devant lui, et devoir fragiliser une des alliances du roi par mégarde. Ce qui aurait pu arriver si Edwin avait d’office montré son animosité, et son mépris à son égard.

« Non, pas pour le moment. J’espère que vos affaires ne sont pas de gravité importante. Et que tout va comme vous voulez chez vous. »

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Calogrenant n’avait pas spécialement envie de faire la conversation à cet homme. Il n’en gardait pas un bon souvenir. En soi, il ne lui avait rien fait personnellement, mais toute l’histoire qui s’était découlée de leur plus ou e lui laissait un très mauvais goût en bouche. On pouvait targuer que Calogrenant avait cherché la confrontation, mais il n’avait fait qu’exécuter une quête. Une quête qu’il avait lamentablement échouée, puisque son cousin Yvain avait dû venir à la rescousse pour la terminer. Il était donc normal qu’il ne soit pas particulièrement ravi de le revoir. Et il se doutait bien que la réciproque devait être vraie. Mais bon, il tentait au moins de se montrer assez cordial.

Au moins, on ne pourrait pas le lui reprocher. Il n’y avait pas intérêt à ce qu’on lui reproche quoique ce soit, dans tous les cas. Et il espérait qu’Edwin aurait la bonne idée de ne pas se montrer imbuvable, parce que Calogrenant pourrait rapidement perdre son sang-froid.

« Les raisons de ma venue sont importantes, sans nul doute. J’aimerais qu’il n’y ait jamais de soucis à se faire, mais ce serait trop beau sans doute. »

En réalité, Calogrenant se fichait bien de ce que venait faire Edwain de Landuc ici. Mais totalement. Il ne lui posait la question que par pure courtoisie. Parce que cet homme était tout de même un seigneur. Que d’un point de vue hiérarchique, il lui devait respect, et hommages. Il ne faisait qu’appliquer le protocole en soi. Evidemment, personne ne lui demandait de tenir une converser de deux heures avec lui, mais il n’aurait rien à se reprocher.

« En tout cas, je ne savais pas que les chevaliers avaient le temps de… s’ennuyer. »

Tiens, de toute évidence, Edwin n’avait pas envie de rester courtois. Ce n’était peut-être pas à prendre ainsi, mais Calogrenant le voyait comme une attaque. Etant donné les différents qu’ils avaient, il était normal qu’il prenne mal les paroles de son interlocuteur. Il ne pouvait cependant pas réagir trop vivement, ce ne serait pas une bonne idée. Et ce n’était pas le moment de provoquer frontalement le seigneur de Landuc, mais il n’allait pas non plus trop courber l’échine. Il ne fallait pas trop en demander, et Calogrenant avait tout de même du caractère, il n’y pouvait rien. Ni personne d’ailleurs.

« De toute évidence, vous n’êtes pas familier avec les tâches des chevaliers. Pourtant, il se murmure que vous seriez en proie de devenir assez… familier avec l’un d’eux. »

Il le cherchait peut-être un peu, mais c’était plus fort que lui.

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