L'ignorence protège un temps. (Mordred)

L'ignorance protège un temps

Mordred s’adaptait petit à petit à la vie à Camelot. C’était différent de tout ce qu’il avait connu jusqu’alors, et quelque chose dans son esprit lui disait que c’est ici qu’il aurait dû grandir. Même s’il était un bâtard, son père était le roi. Ou si ce n’était pas ici, peut-être aurait-il dû grandir auprès de sa mère. Il n’avait eu ni l’un ni l’autre, et même s’il était reconnaissant envers Nabur de l’avoir élevé et éduqué, ça ne changeait au profond sentiment d’injustice qu’il ressentait en lui. Mais maintenant qu’il était ici, et qu’il connaissait la vérité sur ses origines, il lui était bien difficile de côtoyer Arthur Pendragon tout en gardant son calme. Oh, il ne le voyait pas tant que ça, ce pseudo roi, mais tout de même, et à chaque fois, Mordred devait faire appel à toute la maîtrise de soi dont il était pourvu.

Fort heureusement, il avait ses entraînements où il avait la possibilité de se défouler et de passer toute sa colère et sa rancune. Ça, il n’en manquait pas. Mais qui oserait l’en blâmer dans une telle situation ? Mais était-il le plus à plaindre ? Qu’en était-il de tous ces enfants, morts noyés pour rien ? Qu’en était-il de ces parents à qui on avait pris leurs nourrissons car ils n’étaient pas nés le bon jour ? Mordred ignorait si Arthur s’en fichait ou non, s’il avait conscience de ce que sa décision avait provoqué, mais Mordred éprouverait une pointe de satisfaction, s’il avait la certitude qu’il en faisait des insomnies, que ces enfants venaient hanter ses rêves. Il le mériterait, ce qu’il avait fait était impardonnable, et en plus de cela, il avait totalement manqué son coup, Mordred avait échappé à la mort, il avait grandi, et il se vengerait, et en même temps, il obtiendrait justice pour tous les autres enfants qui avaient vu leurs vies s’éteindre sans qu’elles puissent débuter. Même si pour le moment, Mordred ne pouvait pas faire autre chose qu’attendre. Il n’était pas encore prêt, et surtout, il n’avait pas de plan d’action. C’était difficile d’attendre comme ça, sans savoir comment les choses allaient se dérouler. Mais il était bien obligé, et puis il ne pouvait pas non plus y aller à l’aveuglette, ce serait bien trop risqué.

Mais ce n’était qu’une question de temps de toute manière, parce qu’à ses yuex, l’issue était inévitable. Arthur finirait par périr, mais Mordred tenait à ce qu’il sache pourquoi, qu’il sache qui il était et quelles erreurs il avait commises. Il était impatient de ce jour, vraiment. Alors qu’il relatait tout cela dans sa tête, il ne remarqua pas que le roi était tout juste devant lui, comme un signe peut-être ?

« Tu es nouveau ? »

C’était la première fois que Mordred allait s’adresser à lui. C’était une chose de le voir de loin, c’en était une autre de converser avec lui. Et mine de rien, cela lui faisait tout drôle de se dire qu’il était son père, et qu’il avait tenté de le tuer. Et qu’en ignorant tout cela, il s’adressait à lui de manière tout à fait normale.

« Oui, majesté. Je suis arrivé il y a à peine quelques semaines. Et c’est un véritable honneur pour moi. »

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Mordred se sentait bizarre, il avait du mal à savoir quelle attitude il était censé adopter, parce qu’il avait beaucoup de mal contrôler ce qu’il ressentait. C’était la première fois qu’il était vraiment confronté à Arthur, son père, et la première fois qu’il parlait avec ce dernier directement. C’était… étrange. Il avait longtemps imaginé leur première entrevue, et cela avait à chaque fois été différent. Il ne voulait pourtant pas se trahir, alors il tentait d’être le plus neutre possible, il fallait qu’il fasse attention, qu’il sache se contrôler pour ne pas tout faire capoter, se dévoiler et tout gâcher. Morgane lui en voudrait probablement si c’était le cas, et c’était la dernière chose qu’il souhaitait.

Il avait la gorge nouée, c’était dur de se dire que cet homme avait tenté de le tuer peu de temps après sa naissance, juste parce qu’il ne pouvait pas supporter l’idée que cet enfant existe, et qu’il était plus simple de vivre avec la mort de dizaines de nourrissons. Pourtant, il ne semblait pas être un homme cruel au premier abord, Mordred ne le connaissait pas vraiment, mais il ne dégageait rien de sombre ou d’agressif, c’était même tout l’inverse. Ce qui était étrange. Peut-être était-ce une ruse, un subterfuge, Arthur n’était pas doué de magie, mais Merlin travaillait avec lui, de ce que lui avait dit sa mère, alors c’était peut-être de son ressort. Quoiqu’il en soit, la conversation était tout simple pour le moment, et c’était très bien ainsi. Mordred se contentait de répondre aux questions du roi.

« Et tout se passe bien pour toi ? »

Mordred était surpris par la question. Non pas qu’elle ait quelque chose de particulier, mais il était surpris qu’il s’intéresse au bien être d’un écuyer. En tant que roi, n’était-il pas censé s’occuper de son royaume, avoir des affaires urgentes à régler ? Mordred n’était pas mécontent de parler avec son père, mais il trouvait tout de même cette attitude un peu atypique, mais bon.

« Tu prends tes marques ? »

Mordred n’était pas tellement appliqué sans ses tâches d’écuyer. Depuis ses retrouvailles avec sa mère, il avait d’autres projets que de devenir un grand chevalier et servir le roi. Il voulait plutôt voir sa tête tomber à ce roi, et de sa main en prime. Mais il devait tout de même jouer le jeu. S’il était adoubé et fait chevalier, il lui serait bien plus aisé d’approcher le roi pour le tuer, donc il faisait ce qu’on lui disait, mais ce n’était pas toujours des plus évidents.

« Ce n’est pas toujours évident, mais je fais de mon mieux en tout cas. »

Ce qui était la vérité, Mordred travaillait assez bien quand il avait décidé de travailler, mais s’il pouvait y échapper, il est vrai qu’il se laissait facilement tenter par de la distraction, encore plus lorsqu’elle était féminine. Mais le plus clair de son temps, il faisait correctement ses tâches, parce qu’il n’avait pas envie de se faire taper sur les doigts par certains chevaliers qui n’attendaient que cela.

« Je suis conscient que pour avoir une chance de devenir chevalier, il faut donner le meilleur de soi-même et travailler dur. »

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Mordred ne se sentait vraiment pas à l’aise. Il avait du mal à garder son calme, à faire comme s’il se trouvait en présence de son roi et rien d’autre. Mais ce rien d’autre le perturbait tout de même grandement. C’était la première confrontation qu’il avait avec lui, il n’aurait pas pensé que les choses se passeraient ainsi. Même si très honnêtement, il ne savait pas comment les choses auraient pu se passer autrement, il n’avait pas vraiment prévu, mais bon, il devait faire avec. Ce n’était pas évident et il espérait vraiment qu’il pourrait rester maître de lui-même durant tout le temps que durerait leur conversation. Mordred était tout de même un jeune homme impulsif, et il nourrissait une grande haine pour Arthur, c’était un exercice très difficile qu’il menait actuellement, mais il ne devait pas se trahir. Sinon, tout pourrait être compromis, et c’était la dernière de ses envies. Il n’avait pas envie de tout gâcher pour une question de maîtrise de soi. Il fallait qu’il réussisse à obtenir sa vengeance, et pour cela, il fallait qu’il reste totalement neutre et calme pour le moment.

« C’est une très bonne chose d’en avoir conscience. »

Oui, bien sûr. Mordred se moquait bien de la chevalerie à présent. Ce qui l’intéressait c’était juste de pouvoir le tuer et prendre le trône qui lui revenait. Si l’idée qu’Arthur soit son père ne l’enchantait pas du tout, surtout après qu’il ait tenté de le tuer, le fait que cela fasse de lui le seul héritier au trône de Bretagne n’était pas une mauvaise chose. Il s’était découvert une ambition et une soif de pouvoir qu’il ne se connaissait pas. Mais Mordred avait de manière générale, beaucoup changé depuis qu’il était arrivé à Camelot, et surtout depuis qu’il avait rencontré Morgane. Il ne saurait dire si c’était une bonne chose ou pas, mais c’était ainsi. Enfin, quoiqu’il en soit, il se sentait prêt pour tout ce qu’il avait à accomplir et plus encore. Il savait ce qu’il avait à faire, et il le ferait.

« Malheureusement, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Mais le plus important reste la motivation. C’est ce que je recherche le plus, parce qu’il faut se donner corps et âme à la chevalerie. »

C’était surtout à sa vengeance qu’il se donnait corps et âme. Mais bon, c’était une autre chose. Il savait que ce ne serait pas un luxe s’il pouvait accéder au statut de chevalier. Ce serait ainsi plus simple d’approcher le roi. Mais il n’y était pas encore, il lui restait du travail à fournir. Tout de même, Mordred trouvait Arthur un peu gros sur ce sujet-là. Il recherchait la motivation, parce que le reste de ses troupes devait être démotivé. Ce n’était pas étonnant, après toutes ces années, ils n’avaient toujours rien sur le Graal, cela ne donnait pas vraiment envie. Et les pantins actuels qui lui servaient de chevaliers de la table ronde devaient en avoir assez. Enfin, ce n’était que son jugement, il n’en savait rien après tout.

« Vous avez sûrement raison. J’espère que vous saurez trouver ce que vous cherchez. »

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Fut un temps, la plus grande ambition de Mordred aurait été d’impressionner l’homme sous ses yeux, de lui montrer de quoi il était capable, afin de pouvoir espérer rejoindre la prestigieuse place de chevalier de la table ronde. A cette époque, Mordred ignorait encore tout de la vérité, du lien qui les unissait, véritablement. Il ignorait que le roi Arthur, si bon, si clément et si noble, était en réalité son père, qu’il avait tenté de le tuer, quelques jours seulement après sa naissance, tuant en même temps tout un nombre de nouveau-nés innocents, pour cacher l’enfant incestueux qui venait de voir le jour. Aujourd’hui, il n’aspirait plus du tout à se faire un nom dans la légende, pas en tant que chevalier cependant, mais en tant que roi. Il nourrissait sa vengeance, attendant le moment opportun pour prendre la vie et le trône de son géniteur, d’une pierre deux coups. En tant que seul enfant du roi, même s’il était illégitime, le trône lui revenait. Il ne laisserait personne s’interposer en tout cas.

Mais il ne pouvait en aucun cas laisser ses véritables intentions être découvertes. Il jouait tant bien que mal son rôle d’écuyer plein de rêves, de chevalerie et de noblesse. Arthur ne devait se douter de rien. Et pour le moment, il pensait qu’il tenait bien sa partie. En même temps, comment le roi pouvait-il deviner que son fils n’était pas mort, et qu’il se tenait tout juste devant lui ? C’était tout bonnement impossible.

« J'espère que nous allons le trouver également. Mais ce qui me tient le plus à cœur c'est que le royaume de porte bien, qu'on puisse y vivre en sécurité. »

Bien sûr, il lui jouait le coup du roi inquiet pour son peuple. Ça ne prenait pas avec Mordred, on ne pouvait pas assassiner des nouveau-nés pour se couvrir et déclarer vouloir le bien et la sécurité de ses sujets. Mordred n’y croyait pas. Mais encore une fois, il n’en montra rien, il accorda même un petit sourire au souverain. Mordred savait qu’il devait tenir son rôle, qu’il devait se rapprocher du souverain, gagner des points auprès de lui. Le meilleur moyen de l’atteindre, c’était encore de pouvoir l’approcher sans mal. Pour le moment, c’était un premier contact, une première approche. Et le jeune homme savait qu’il devait montrer une bonne image de lui, afin que le roi puisse se souvenir de lui de manière positive. Pas forcément pour qu’il l’adoube, mais au moins pour qu’il développe ne serait-ce qu’un semblant d’affection et de confiance envers lui. Cela faciliterait grandement les choses pour la suite. Il fallait qu’il aille dans son sens, peu importe ce qu’il pensait vraiment, il fallait qu’il garde tout cela pour lui, et qu’il montre le meilleur côté possible de sa personne. Mordred était un jeune homme sanguin et impulsif, mais il savait ce qui se jouait en cet instant précis, et il ne pouvait pas se permettre de tout gâcher.

« Je conçois tout à fait que c’est la préoccupation principale pour un souverain. J’admire beaucoup votre façon de gouverner, mais si les dieux vous ont choisi, ce n’est pas pour rien. Mon père avait raison quand il m’a parlé de vous. »

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Mordred estimait qu’il s’en sortait plutôt bien, présentement. Du moins, il arrivait à garder son calme, il restait poli et respectueux envers le roi. Pourtant, ce qu’il avait envie de témoigner à Arthur en cet instant, ce n’était pas son respect. Mais il devait tenir son rôle, il le savait. Il n’avait pas le droit à l’erreur. C’était tout de même difficile pour lui, d’être proche de cet homme qui avait décidé de le tuer juste après ses premiers cris. Mordred ne pourrait jamais passer au-dessus de cela. Il ne pourrait jamais pardonner. Comment pardonner son père infanticide ? C’était tout bonnement impossible. Pourtant, quand on le voyait ainsi, il était difficile de se rendre compte de qui Arthur Pendragon était vraiment. Ce n’était pas tous les rois, qui prendraient la peine de discuter avec un simple écuyer. Tout en témoignant de la bienveillance, et de l’intérêt, mais Mordred connaissait la vérité, il n’y ait donc pas aussi sensible, même si cela le troublait un peu. Car c’était tout de même son père.

D’ailleurs, il se demandait quelle serait la réaction du roi, si Mordred lui annonçait qu’il était son fils. Celui qu’il avait tenté de tuer il y a dix-huit ans. Il n’allait pas le faire, évidemment, mais il se demandait ce qu’il lui dirait. Il ne le croirait peut-être pas. Sûrement pas. Après tout, Mordred n’avait pas de preuves de ce qu’il avançait, mais il savait que c’était vrai. Il avait cru Morgane quand elle le lui avait dit. Seul une mère pouvait reconnaître son enfant après des décennies, et elle l’avait reconnu. Arthur ne semblait pas être épris du même sentiment, mais il l’avait envoyé à la mort sans même le voir ne serait-ce qu’une fois. Ils n’étaient liés que par le sang, rien d’autre.

« Que votre père t’a-t-il dit ? Tu viens d’où d’ailleurs ? Qui est ton père ? »

Mordred avait presque envie de sourire jaune à la demande du roi. Il serait surpris, s’il savait la vérité. Mais Mordred n’allait pas la lui dire, pas tout de suite. Il allait juste lui parler de ce qui était officiel. Il allait garder ce qui était officieux pour plus tard. Mais il ne comptait pas non plus lui mentir. Il n’avait pas de raisons de le faire, d’autant plus que Mordred était tout de même fier de son père adoptif, et qu’il n’avait jamais manqué de rien.

« Que vous étiez un roi juste et bienveillant. Qui se souciait réellement de son peuple. Je viens d’un petit village, éloigné de la capitale. Mon père s’appelle Nabur, vous ne le connaissez pas je pense, c’est un paysan. Enfin… ce n’est pas mon vrai père, il m’a trouvé lorsque j’étais bébé, mais je l’aime comme si j’étais sa chair et son sang. »

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Mordred ne savait pas ce qu’il allait ressortir de cette conversation, mais il espérait au moins que le roi se souviendrait de lui. Qu’il le prendrait un peu en pitié. Sa mère lui avait dit que son père était un faible, alors il pouvait tenter de l’attendrir, et ainsi, ce dernier le prendrait sous son aile. S’il pouvait le prendre comme écuyer, ce serait encore mieux. Sa mission pourrait plus vite être atteinte, il en avait l’intime conviction. Mais il ne pouvait pas, de but en blanc, demander au roi de le prendre comme écuyer, il n’était personne, n’avait pas de titre, ou de rang. Il était « fils » de paysan, alors il allait devoir prendre son mal en patience.

Cependant, en parlant du fait qu’il ait été adopté, il était certain d’avoir touché une corde sensible. Puisque le roi aussi, avait été adopté. Uther Pendragon ne l’avait pas élevé, et sa mère s’était suicidée quand il était bébé. Parler de son père adoptif comme s’il était son vrai père, c’était aussi une façon de le blesser intentionnellement. Arthur ne savait pas qu’il était son géniteur, mais Mordred savait qu’il ne serait jamais son père. Son père c’était celui qui l’avait élevé durant toutes ces années. La seule attention qu’il avait eu d’Arthur, c’était sa tentative d’assassinat.

« Je comprend parfaitement ce sentiment. Je n’ai pas non plus été élevé par ma… vraie famille. Mes parents ainsi que mon frère ne sont pas de mon sang, mais je les considèrerais bien plus comme des membres de ma famille que ceux qui partagent vraiment mon sang. En même temps, ils m’ont élevé comme si j’étais leur propre fils. Vous a-t-il tout de suite dit qu’il vous a trouvé ? Ou avait vu appris bien plus tard que vous n’étiez pas son fils ? »

Mordred écouta le roi avec attention. Il reconnaissait qu’il y avait des similitudes dans leurs histoires, mais cela ne l’émouvait pas. Parce qu’il savait ce dont Arthur était capable. Cependant, c’était des informations qui le rapprochaient du roi, qui créait un lien autre que leur sang, puisque Arthur ignorait tout de cela. Mordred se devait d’entretenir ce nouveau lien, pour se rapprocher du roi, entrer dans ses bonnes grâces.

« Oui, nos histoires se ressemblent, je comprends aisément ce que vous ressentez. Il me l’a dit quand j’étais en âge de comprendre. Mon père n’est pas marié, alors je posais des questions sur ma mère, étant enfant. Il m’a dit qu’il ne savait pas qui elle était, pas plus que mon père et qu’il m’avait trouvé. Mais… ça n’a pas changé grand-chose, même si la chose a été difficile à accepter, il restait mon père, c’était juste d’ordre personnel, de ne pas vraiment savoir qui je suis, ou d’où je viens. »

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Mordred avait le sentiment d’avoir réussi à créer une sorte de lien, avec le roi. Ce n’était peut-être que son imagination, ou alors son envie profonde, mais le fait de lui avait parlé du fait qu’il ne savait pas qui étaient ses parents avait su éveiller l’intérêt d’Arthur, étant que lui aussi avait mis du temps avant de connaître ses origines. C’était quelque chose qu’ils avaient en commun, mais c’était loin d’être la seule. Mordred mourrait d’envie de lui dire qu’il était son fils, mais ce serait une terrible erreur, qui pourrait tout faire capoter. Il devait donc prendre son mal en patience, même si c’était difficile.

Il avait tout de même hâte, d’arriver au grand jour de la révélation. Pour le moment, il devait jouer la carte de l’orphelin ignorant tout de ses origines. Enfin, pas tellement orphelin, puisqu’un homme l’avait tout de même recueilli, et Mordred l’aimait comme son père. Père qu’Arthur ne serait jamais pour lui, mais il lui était tout de même reconnaissant de lui avait donné son sang, et ainsi, la prise sur le trône de Camelot. Il n’aurait pas pu faire mieux, si ce n’est ne pas tenter de le tuer.

« Par moment, je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais apprécié rester dans l’ignorance de mon côté. »

C’était le genre de discours qui énervait Mordred. Comment pouvait-il dire ça ? Le pauvre petit paysan devenu roi. C’est vrai que c’était terrible. Il voulait sans doute parler de tout ce qui entourait sa naissance, mais ses parents à lui étaient frère et sœur, et il n’en faisait pas toute une montagne. Enfin, quoiqu’il en soit, il ne pouvait pas montrer son agacement au roi, et se contenta d’afficher une mine compatissante.

« Je peux comprendre votre ressenti… mais vous faîtes un excellent roi. Il aurait été dommage que vous n’appreniez jamais votre réelle identité. »
« Vous n’avez aucune idée d’où vous venez du tout ? »

Oh si, il le savait très bien. Il venait d’ici, de Camelot, et de Gorre aussi un petit peu. Mais il ne pouvait le dire à Arthur, pas tout de suite. Mais ce n’était pas plus mal au final, peut-être qu’il pouvait appuyer sur une corde qui était sensible au roi. Se rapprocher le plus de lui était une stratégie qui pourrait se révéler payante, surtout si Arthur tombait davantage de haut. Mais cela pourrait aussi être dangereux pour lui, d’apprendre à connaître son père.

« Non… mon père m’a simplement dit qu’il m’avait trouvé près d’une étendue d’eau. Sans rien qui aurait pu révéler d’où je venais, de quelle contrée. »

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