Le manque de motivation équivaut à de la lâcheté | Urien & Perceval

Le manque de motivation équivaut à de la lâcheté

Perceval venait de terminer un entraînement d’escrime, et il était plutôt satisfait de sa performance. Certes, il avait toujours eu un talent naturel pour les arts d’escrime, mais ce n’est pas pour autant qu’il souhaitait rester sur ses acquis. Il voulait être digne de son rang de chevalier, et digne du roi Arthur. Il lui était dévoué corps et âme et ne voulait surtout pas le décevoir, ce serait vraiment la pire des choses à ses yeux, et il ne s’en remettrait probablement pas. Prenait-il les choses trop à cœur ? Peut-être, mais le jeune chevalier était ainsi, il l’avait toujours été, et ce n’était pas maintenant qu’il allait changer ça. Il ne le voulait pas d’ailleurs, il ne voyait pas le mal à être totalement investi pour une cause. Et encore moins quand elle était aussi noble que la quête du Graal.

Certes, pour le moment les recherches ne donnaient pas grand-chose, mais Perceval ne désespérait pas. Il ne fallait pas, il voyait bien le doute dans le regard de son souverain certaines fois, mais Perceval tentait toujours de le remotiver. Si les dieux l’avaient chargé de cette mission, c’est qu’Arthur était la bonne personne pour cela, Perceval n’en doutait pas une seule seconde. Et il ne manquait pas de le faire remarquer, surtout quand il entendait certaines langues perfides cracher leur venin sur Arthur, se croyant à l’abris des oreilles indiscrètes. Fous qu’ils étaient, Perceval veillait toujours à ce que le nom du roi reste intact. Parce qu’il le méritait, tout simplement.

Il arrivait même que Perceval se fâche avec certains chevaliers de la table ronde. Jamais très violemment, parce que malgré tout, Perceval n’aimait pas les conflits, mais il désapprouvait l’attitude de certains. Ils ne les trouvaient pas assez derrière Arthur, pas assez loyaux, ni même investis. Et lorsque l’on était des chevaliers de cet ordre, on se devait d’être irréprochable, c’était ainsi. Alors oui, parfois, Perceval tentait quelques remarques afin d’essayer de faire comprendre aux intéressés qu’ils pourraient faire quelques efforts. Ou sinon, pourquoi rester à la table ronde ? ça n’avait pas vraiment de logique. Mais bon, il espérait que les choses allaient évoluer dans un sens positif.

Il nettoya son arme et rangea un peu ce qu’il avait dérangé. Même si certains laissaient les écuyers ou les domestiques faire, Perceval ne voyait aucun inconvénient à user de sa personne pour ce genre de tâches, qu’il ne qualifiait pas d’ingrates. Même s’il était fils de roi, il n’avait pas été élevé en prince, et n’avait aucun goût pour le luxe ou l’oisiveté, bien au contraire. Une fois tout remis en ordre, il décida d’aller prendre un peu de repos, bien mérité selon lui, quand sa route croisa celle d’un autre chevalier qu’il connaissait bien. Il lui adressa d’ailleurs un sourire poli.

« Messire De Gorre, je ne pensais pas que votre retour à Camelot se ferait si vite, mais ce n’est pas une mauvaise chose, loin de là. Comment vous portez vous ? »

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Le manque de motivation équivaut à de la lâcheté

Les rangs des chevaliers de la table ronde grossissaient peu à peu, lorsque le roi rencontrait de nouveaux hommes dignes de l’aider dans sa quête du Graal. Et même si Perceval était là depuis quelques années maintenant, il n’avait pas l’impression d’avoir plus de poids ou de légitimité que d’autres. Il témoignait d’un grand respect pour ses aînés d’une part, et estimait qu’il avait toujours de très nombreuses choses à apprendre, que ce soit en chevalerie, ou dans un autre domaine. Pourtant, il n’était plus un enfant, c’est vrai, il était un homme accompli à présent. Mais tout de même il savait qu’il avait encore beaucoup à tirer des ses prédécesseurs. Urien faisait partie pour lui des anciens chevaliers. Quand bien même il n’était pas chevalier auprès d’Arthur durant des lustres, il était tout de même un chevalier accompli, en plus d’un chef d’état. Il devait donc avoir une double quantité de travail. Ce qui était tout à son honneur, sans aucun doute. Mais tout de même… Perceval se posait quelques questions quant à son enthousiasme au sujet d’Arthur et du Graal. Il ne trouvait pas Urien très… motivé. Il faisait ce que le roi lui disait, mais c’était comme s’il n’y avait pas de motivation, et d’envie personnelle, comme s’il se contentait d’obéir, simplement et purement.

Perceval trouvait cela vraiment dommage. Il ne lui faisait pas de reproches, parce que ce n’était pas son rôle, et qu’il ne se sentait pas proche du chevalier, pas du tout. Mais c’était tout de même quelque chose qu’il avait remarqué, et qu’il ressentait. Bien sûr, il n’était pas le seul. D’autres se montraient encore moins enthousiastes que lui, mais ils n’avaient pas les autres en face de lui, là tout de suite, donc évidemment, il ne pensait qu’à Urien. Il ne savait pas si c’était parce que l’homme ne croyait pas vraiment en leur mission, s’il se décourageait au fur et à mesure de leurs échecs consécutifs, ou si c’était parce qu’il avait des soucis personnels, mais il trouvait tout cela fort dommage tout de même. Cela n’enlevait en rien les qualités d’Urien, mais bon, Perceval éprouvait tout de même un peu de déception. Par exemple, Méléagant démontrait bien plus d’envie dans l’espoir de trouver le Graal, et le jeune chevalier était vraiment convaincu par sa volonté. Arthur avait besoin de chevaliers qui pouvaient lui donner la force, et l’envie de continuer. De lui donner les preuves qu’il faisait ce qu’il fallait, et qu’il était sur la bonne voie. Perceval faisait de son mieux, et en un sens, il n’avait pas de doute qu’Urien aussi, mais il aurait été plus probant, qu’il le montre un peu plus, qu’il soit plus déterminé et désireux.

« Sir Perceval. Ma présence à Camelot semblait nécessaire. Je me porte très bien. Et vous, comment vous portez vous ? »

Perceval était tout de même content d’apprendre que l’homme allait bien. Après tout, il ne lui voulait aucun mal, bien au contraire, et il n’était pas non plus quelqu’un qu’il désappréciait, loin de là. C’était juste ce qu’il prenait pour un manque de volonté de sa part avec lequel il avait un peu de mal, mais ce n’était rien de dramatique en soi.

« Je me porte bien merci. Même s’il est vrai qu’il serait plus agréable de pouvoir dire que les choses avancent concernant la quête du Graal. Je crains fort que notre bon roi ne soit quelque peu démotivé pour l’heure, malheureusement. »

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Perceval aimerait vraiment que les choses aillent mieux, qu’ils de vraies pistes pour le Graal. Solides, réelles. Mais à chaque fois, ce n’était pas ça. Ils ne trouvaient rien, et c’était plus que frustrant. Il n’avait aucunement l’envie d’abandonner bien sûr, jamais il n’aurait de pareilles pensées, il comptait bien aller jusqu’au bout des choses, soutenir et aider Arthur du mieux qu’il le pouvait. C’était leur quête à tous, le roi les avait rassemblés pour trouver la Sainte Relique, ils ne pouvaient donc pas se permettre d’échouer dans cette tâche. Mais elle se montrait bien plus compliquée qu’il n’y paraissait au début, et il n’était pas étonnant que les chevaliers comme le roi, puissent se montrer quelque peu démotivés.

Perceval ne l’était pas. Quand bien même cela ne donnait rien, ou pas grand-chose, il gardait toute sa motivation, et son enthousiasme pour réussir. Il le fallait de toute façon. Et Perceval comptait bien également bouger un peu ses amis chevaliers pour que ces derniers ne perdent rien de leur foi. Il ne disait pas que c’était forcément le cas, mais juste par acquis de conscience, Mieux valait rebooster tout le monde plutôt que de faire le tri entre ceux qui en avaient besoin, et les autres. Urien, Perceval avait plutôt tendance à penser qu’il n’était pas au meilleur de la motivation. Ce n’était peut-être qu’une impression, mais il n’avait pas vraiment la certitude que le chevalier s’investissait au maximum dans leur quête. Il avait certes des choses à gérer, il habitait à Gorre tout cela, mais bon. Perceval n’était pas convaincu par le chevalier, mais il ne demandait qu’à se tromper dans tous les cas. Si Urien lui montrait qu’il était plein de bonne volonté, Perceval n’en serait que vraiment heureux, et satisfait.

« J’ai toute confiance en notre Roi pour reprendre du poil de la bête si jamais il se sent démotivé. »

Perceval ne pouvait qu’être d’accord avec l’homme, mais il n’empêchait pas qu’il se sentait vraiment inquiet. Inquiétude renforcée par les propos qu’avait tenu le seigneur Méléagant. Perceval avait trouvé le roi fatigué, la dernière fois qu’il l’avait vu, mais il n’avait pas mesuré que cela puisse être aussi sérieux depuis la dernière fois qu’il avait parlé avec le chevalier. Cependant, il avait omis le fait qu’il ne devait pas trop en parler, et il ferait mieux de ne pas s’attarder plus que nécessaire sur ce point-là.

« Mais qu’est-ce qui vous fait penser qu’il est démotivé ? »

De toute évidence, cela avait piqué la curiosité de l’homme. Ce n’était pas plus mal, cela montrait qu’il s’intéressait au roi, du moins, il l’espérait. Ce serait la moindre des choses, que de s’inquiéter de la santé de leur souverain. C’était même, totalement naturel. Néanmoins, Perceval ne devait pas trop rentrer dans les détails, il ne voulait pas répandre le fait que le roi se trouvait dans un léger état de faiblesse.

« Nous le sommes tous un peu, avec tous ces échecs essuyés concernant le Graal. Il serait normal que le roi se retrouve quelque peu démotivé, mais cela n’est probablement qu’une légère passade. »

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Le discours de Perceval passait peut-être pour quelque chose de pessimiste. Pourtant, Perceval était d’un naturel joyeux et confiant, mais ces derniers temps, il était inquiet. Pas pour lui, mais pour le roi. Il craignait que ce dernier ne se sente mal. Si c’était le cas, il voulait tout faire pour l’aider à aller mieux, mais Méléagant lui avait conseillé de le laisser se remettre seul alors… Perceval se sentait un peu perdu. Et ce ne semblait pas être son interlocuteur qui allait changer cela, puisqu’il n’avait pas vraiment l’air de comprendre de quoi il lui parlait. Ce qui n’était pas si étonnant, puisque Urien avait aussi des obligations à Gorre, vu qu’il en était le souverain.

Perceval n’était pas sûr qu’il pourrait comme Urien, faire autant de choses à la fois. Être à la tête d’une contrée, et chercher le Graal, servir le roi… cela faisait beaucoup pour un seul homme, mais Urien semblait très bien s’en sortir, et forcément, cela forçait l’admiration. D’autant que son épouse ne devait pas lui faciliter la tâche. Perceval connaissait très peu Morgane de Gorre, mais pour le peu de fois où il l’avait vu, il n’avait pas vraiment réussi à la cerner. Elle semblait aussi belle que redoutable, alors il faisait en sorte de ne pas s’attirer ses mauvaises intentions, bien qu’il doive lui paraître des plus insignifiants. Mais il lui donnait tout le respect qu’il lui devait tout de même. En tout cas, il était normal qu’Urien n’ait peut-être rien remarqué au sujet d’Arthur, il n’était pas tout le temps à Camelot, et il ne s’entretenait peut-être pas énormément avec le roi dernièrement. Et puis Arthur ne montrait pas non plus forcément ses faiblesses… en tout cas, cela pouvait s’expliquer facilement, mais ça ne faisait pas non plus taire les inquiétudes du plus jeune.

« Vous ne connaissez pas Arthur Pendragon autant que moi. »

Il ne pouvait pas le contredire, mais ça ne changeait pas grand-chose à la situation. Perceval ne connaissait probablement pas aussi bien le roi que d’autres chevaliers, néanmoins, cela ne l’empêchait pas de ressentir une vraie inquiétude à son sujet. Toutefois, si quelqu’un pouvait le rassurer avec certitude, qu’il le fasse, il n’était pas contre, bien évidemment. Il aimerait que ses inquiétudes soient aussi bien infondées qu’incorrectes.

« Je l’ai vu mainte fois se retrouver devant des situations complexes, devant des obstacles et il n’a jamais reculé. Je ne pense pas qu’il y ait de raison de s’en faire. »

Perceval était quelque peu dubitatif. Il était d’accord avec lui, sur le fait qu’il ne reculait jamais devant rien, mais cela ne signifiait pas qu’il ne pouvait pas avoir une petite baisse de moral. Il avait envie de croire Urien, mais il n’oubliait cependant pas les paroles de Méléagant, et Perceval se sentait tout de même quelque peu perdu entre les différents avis.

« Lui avez-vous parlé récemment ? La dernière fois, il m’a paru quelque peu fatigué, et troublé. J’aimerais que ce ne soit que mon imagination, et peut-être que ce n’est rien du tout, mais d’autres ont pensé la même chose. Mais peut-être avez-vous eu une impression différente ? »

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Perceval ne savait pas s’il faisait bien de parler ainsi du roi, mais il le faisait pour de bonnes raisons. Du moins selon lui. Il s’inquiétait pour son souverain, et le jeune chevalier était vraiment très attaché à lui, alors il était normal, même logique qu’il tente d’y voir plus clair et de requérir l’aide des autres chevaliers. D’autant plus que de ce qu’il savait, Urien entretenait plutôt des bonnes relations avec son beau-frère, alors il ne prenait probablement pas de risques ainsi, cela ne porterait pas de préjudices à Arthur. Jamais Perceval ne mettrait le roi dans une position délicate consciemment, il avait bien trop de respect et d’affection pour lui.

Pour le moment, Urien ne semblait pas avoir le même avis que lui, concernant le roi. Il était possible que Perceval ait vu sa vision quelque peu s’aggraver, avec les paroles de Méléagant. Le chevalier paraissait tellement soucieux, il était possible que cela ait déteint sur Perceval. Mais le jeune homme n’avait absolument aucun moyen de s’en rendre compte. Il n’y pensait même pas, à dire vrai. Naïf et influençable comme il était, c’était vraiment simple de lui faire penser ce qu’on voulait, tant que cela restait proche de ses pensées de base.

« Le roi ne m'a pas du tout donné cette impression en effet. Mais il n'est pas impossible que notre roi ait des soucis, c'est même normal au vu de sa position. »

Perceval en était conscient, bien sûr. Arthur était roi, le chef incontesté de tout le royaume. Il était donc normal qu’il soit fatigué, qu’il ait des préoccupations. Mais les propos de Méléagant étaient encore vifs dans sa mémoire, et il ne pouvait se défaire de son inquiétude pour le moment. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que le roi soit empreint à la dépression. Il ferait tout pour lui éviter cela. Ce serait une chose vraiment terrible, mais rien n’était acté pour le moment. Perceval se faisait peut-être de fausses idées, et s’inquiétait pour rien. Mais il valait mieux s’inquiéter pour rien, que ne pas porter d’attention à un éventuel problème qui pouvait se révéler grave.

« Qui pense comme vous ? D’autre personnes vous ont dit quelque chose ? »

Il ne savait pas trop s’il devait en parler. Méléagant lui avait demandé de rester assez discret, mais il ne lui avait pas interdit d’en parler autour de lui non plus. Et puis, Urien et Méléagant étaient de la même famille. Alors, cela ne devrait poser aucun problème, n’est-ce pas ? C’est en tout cas ainsi que Perceval voyait les choses. D’autant plus qu’au final, ce n’était pas non plus un secret, juste une impression qu’il partageait avec un autre chevalier.

« Le Seigneur Méléagant semblait lui aussi soucieux de l’humeur du roi. »

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Le manque de motivation équivaut à de la lâcheté

Perceval trouvait que le sujet était réellement très important. Après tout, il était normal que les chevaliers s’inquiètent de la santé du roi, qu’elle soit physique ou mentale. Certes, Arthur était très aimé, et très soutenu, mais avec toutes les responsabilités qui l’incombaient, il était possible qu’il flanche légèrement. Ce n’était pas spécialement quelque chose d’irrémédiable, et Perceval entendait bien inverser la tendance, si c’était dans ses cordes. Bien entendu. Il était hors de question qu’il laisse le roi dans une situation inconfortable, ou douloureuse. Même s’il n’était pas le chevalier le plus proche du souverain de Camelot, mais il lui était totalement dévoué, et loyal. Perceval était prêt à faire n’importe quoi pour ce dernier. Urien ne semblait pas vraiment le prendre au sérieux, et soutenait qu’il n’y avait pas de souci à se faire. Urien étant le beau-frère du roi, il avait peut-être plus d’informations, mais cela ne suffisait pas à calmer les craintes du jeune homme.

Perceval ne voudrait pas laisser passer quoique ce soit, et laisser Arthur dans une position inconfortable. Les mots de Méléagant avaient bels et biens raisonnés en lui, et le chevalier s’en préoccupait réellement. Arthur représentait énormément pour lui, il était presque comme un père, et il ne voudrait pas qu’il lui arrive quoique ce soit. Encore plus s’il attendait une main tendue, et que cette dernière ne venait jamais. Evidemment, Perceval espérait se faire plus de souci que nécessaire, et qu’en réalité, le roi ne soit pas en proie à un quelconque mal, mais pour l’heure, il ne pouvait en être certain.

« Si j’étais vous, je ne prêterais pas trop attention aux dires de mon cousin. »

Perceval était quelque peu surpris par cette déclaration. A ses yeux, Méléagant était un chevalier intègre, puissant, et digne de confiance. Evidemment, l’avis du jeune homme était souvent biaisé par sa naïveté, et son innocence, et Méléagant, restait un fantasme chevaleresque de sa jeunesse, lorsqu’il les avait pris pour des anges. Mais tout de même, il trouvait qu’Urien était quelque peu dur avec son cousin. Il avait peut-être des raisons de penser ainsi, mais Perceval ne les percevait aucunement.

« Que vous a-t-il dit exactement ? »

Perceval dut faire un effort pour se rappeler des termes exacts de Méléagant. Il n’avait pas envie de les extrapoler, même si c’était ce qu’avait fait Perceval, évidemment. Il s’était tout de suite alarmé, ce qui n’avait pas été très nécessaire. Mais sans le savoir, il avait réagi comme Méléagant l’avait voulu. Mais à ce stade, il était incapable de considérer l’autre chevalier comme un traitre, ou d’avoir le moindre soupçon à son encontre.

« Il m’a dit être inquiet, car il trouvait le roi soucieux, ces derniers temps. Pourquoi devrai-je ne pas porter attention aux dires de votre cousin ? »

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Le manque de motivation équivaut à de la lâcheté

Perceval ne savait pas s’il faisait bien de parler de la conversation qu’il avait eu avec Méléagant à Urien. Même si les deux hommes étaient cousins, Méléagant lui avait demandé de ne pas trop en parler, mais il n’avait pas spécifié à qui il ne fallait rien dire, surtout à Merlin. Donc il estimait que de ce point de vue-là, il ne manquait pas à sa parole. Et puis, puisqu’Urien était le cousin de Méléagant, cela restait tout de même en famille non ? Quoiqu’il en soit, Urien semblait assez surpris des propos que Perceval rapportait. Pourtant, il ne faisait que redire ce qu’il avait entendu de la bouche de Méléagant, et de son inquiétude au sujet du roi.

« C’est tout ce qu’il vous a dit ? Si c’est la seule chose qu’il vous a dit Sir Perceval, je ne me ferais pas de souci. Il est tout naturel que le roi se montre par moment soucieux, il a de grandes responsabilités sur les épaules. Au point que ça ne soit pas une tâche accessible à n’importe qui. »

Méléagant avait dit beaucoup de choses, et rien n’avait été réellement rassurant, quant à la santé du roi. Urien semblait dubitatif, et Perceval ne savait donc pas quoi en penser. Il avait beaucoup de respect, et d’admiration pour Méléagant, qu’il voyait comme un mentor, et comme un chevalier noble et loyal, alors il était un peu perplexe. Mais il ne voulait pas remettre au second plan ce que pouvait penser Urien de son côté.

« Il n’a pas été très explicite, mais il semblait vraiment soucieux. Je sais qu’il est normal pour un homme de son envergure d’être soucieux. »

« Sachez Sir Perceval, que mon cousin a toujours été d’un nature jaloux. Il a très longtemps convoité la place de notre cher roi. Je ne me fierais donc pas réellement à ses propos, à moins qu’il vous ait dit quelque chose de plus intéressant que juste… avoir trouvé le roi soucieux. »

Le jeune chevalier dit en sorte de réfléchir à la conversation qu’il avait eu avec Méléagant, beaucoup de choses avaient été dites, et notamment au sujet du roi. Bien entendu, il savait que Méléagant n’avait pas été très heureux de la montée sur le trône d’Arthur, il le lui avait dit lui-même. Mais il ne lui avait pas dit qu’il convoitait la place du roi. Ceci dit, Perceval faisait tout de même confiance à Méléagant, à tort peut-être, mais Perceval faisait facilement confiance, ce qui lui jouerait probablement un tour un jour ou l’autre. Mais s’il avait voulu sa place il y a longtemps, cela ne voulait pas dire qu’il la voulait toujours aujourd’hui n’est-ce pas ? Il lui avait dit avoir changé d’avis, et Perceval lui laissait le bénéfice du doute.

« Il a dit qu’Arthur n’avait pas que des alliés parmi les chevaliers, et qu’il fallait se montrer vigilant à ce sujet. »

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